La Machine de Léandre d'Alex Evans

Avis lecture : La Machine de Léandre, Alex Evans

La Machine de Léandre est un court roman de fantasy à tendance steampunk de l’auteure française Alex Evans. Le texte paraît à l’origine aux Éditions Walrus en 2014 pour finalement être réédité en septembre 2019 par ActuSF. Il se situe dans le même univers que Sorcières Associées et est suivi d’une novella intitulée La Chasseuse de livres.

Un univers de magie et science bien installé

J’ai particulièrement aimé l’approche scientifique de la magie, parfaitement mise en scène grâce au personnage principal de Constance, une chercheuse dans le domaine. À ce titre, j’ai beaucoup apprécié l’héroïne, très « vraie » dans toute son imperfection, son amour de la discipline et son asociabilité ne la rendant que plus charmante.

Il y a quelques siècles, j’aurais été appelée une sorcière.

Une magicienne. Une jeteuse de sorts.

De nos jours, je suis professeur agrégé de sciences magiques.

p. 5

En ce qui concerne l’univers lui-même, il est (bien) installé en peu de mots, laissant miroiter la possibilité de plus sans toutefois laisser le lecteur insatisfait. Le tout donne certainement envie de jeter un coup d’œil à Sorcières Associées, en tout cas.

L’Histoire allait prendre un tournant et s’accélérer. Le retour du Pouvoir amenait des changements, et pas en bien. Surtout pour moi. Par le passé, les chamanes avaient toujours reçu un traitement spécial. Suivant les civilisations, ils avaient été brûlés vifs, mis à l’écart ou portés au pinacle et soumis à un entraînement intensif.

p. 29

Un humour mesuré

Le récit est accompagné d’une bonne touche d’humour, incorporée assez naturellement à travers le point de vue de Constance. Pour vous donner une idée, il n’y a qu’à lire l’incipit du texte, plutôt efficace :

ON DIT TOUJOURS QUE LES SORCIERES ont des prémonitions, des intuitions ou qu’elles remarquent des présages. C’est un fatras d’inepties. Ce matin-là, je n’éprouvais pas le moindre pressentiment du déluge d’ennuis qui allait s’abattre sur mon crâne. Tous les oiseaux volaient dans la bonne direction. Aucune échelle ne se dressa devant moi et pas un seul chat, de quelque couleur que ce fut, ne croisa ma route.

p. 4

Des interventions un peu trop opportunes

La lecture de ce livre requiert cependant de « suspendre son incrédulité[1] ». En effet, les alliés de Constance ont une fâcheuse tendance à se pointer exactement quand il le faut (au bon ou au mauvais moment parfait), notamment Hamilcar et Albert, mais aussi Artémise.

Les interventions opportunes sont d’autant plus flagrantes que ces personnages sont sous ou surdéveloppés compte tenu du rôle qu’ils sont appelés à jouer. Artémise est traitée comme le personnage récurrent d’une série télévisée qui vient faire un tour pour un ou deux épisodes à chaque saison. Albert disparaît de l’histoire aussi vite qu’il y est apparu, pour finalement réapparaître à un moment fatidique sans explication valable. Hamilcar, quant à lui, donne l’impression d’avoir été ajouté après coup puisqu’il n’a absolument rien à voir avec l’intrigue. C’est comme si l’auteure avait réalisé qu’elle avait besoin d’un allié pour son héroïne au moment X et qu’elle avait créé Hamilcar juste pour cela. Il y a ainsi une étrange disproportion entre le temps accordé au personnage et son (in)utilité avérée.

Une lecture agréable

L’univers de La Machine de Léandre d’Alex Evans, qui combine habilement magie et science, est assurément la force de ce court roman de fantasy. Il s’agit d’une lecture agréable, quoique nécessitant de passer outre les facilités que le récit se permet.

— Con… Heu… Constance.

— C’est extraordinairement beau !

C’était un prénom extraordinairement plouc qui trahissait mes origines tourmayennes, mais à ce moment, cette pensée ne m’effleura même pas.

p. 15

Se procurer La Machine de Léandre

Une fille qui regarde une ville futuriste
EVANS, Alex, La Machine de Léandre, Chambéry, ActuSF, coll. « Bad Wolf », 2019.

[1] Traduction libre de l’expression anglophone « suspension of disbelief », utilisée pour référer à des plot points qui demandent au spectateur d’être indulgent quant à la plausibilité d’un événement, d’une séquence d’événements, etc.


Merci aux éditions ActuSF de m’avoir fait parvenir une copie du roman La Machine de Léandre d’Alex Evans.

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