Il existe de nombreuses vidéos et plusieurs articles sur le Net du genre « BUJO 101 » ou « Choses à savoir avant de se lancer dans le bullet journaling ». Cependant, peu d’articles s’attardent directement aux faiblesses du système de planification qu’est le Bullet Journal. Si les faiblesses ne sont pas exactement (toujours) omises, elles sont généralement mentionnées au détour d’une vidéo ou d’un article quelconque. Voici donc une liste des forces (parce que le BUJO n’a pas que des défauts) et faiblesses (parce qu’il faut les connaître elles aussi) – énoncées dans un seul et même article et pas juste en passant – que vous devez connaître avant d’adopter le Bullet Journal System.
Le Bullet Journal System
Le Bullet Journal est un système de planification inventée par Ryder Carroll. Le présent article ne s’attardera pas à définir ce qu’est le BUJO, puisque cela a déjà été fait par une multitude de bullet journalists. Pour les francophones, je suggère l’excellent article de Petite Mélanie intitulé « Le Bullet Journal : la méthode », écrit dans le cadre de sa série d’articles « Le Bullet Journal 101 ». Le texte couvre bien les bases sans se perdre dans les détails et le tout est concis et bien expliqué.
Si vous préférez le médium vidéo et que vous êtes à l’aise avec l’anglais, vous pouvez visionner la vidéo de présentation de Carroll lui-même, mais sachez que vous n’avez pas besoin de regarder la vidéo pour comprendre ce qui va suivre.
Les forces
Un carnet, un crayon, un bullet journal
Pas besoin de grand-chose pour commencer un bullet journal : tout ce qu’il faut, c’est un carnet et un crayon. C’est un avantage qui est souvent mentionné en relation au BUJO, mais qui peut être facilement oublié lorsque l’on découvre la communauté des bullet journalists. Ces derniers se contentent rarement d’un carnet et d’un crayon : stylo noir, stylo bleu, stylo rouge, stylos de toutes les couleurs, stylo plume pour la calligraphie, pen loop pour accrocher les stylos, fineliners, crayons de couleurs des meilleures marques, matériel pour faire du watercolor, Washi Tape, autocollants, étampes, printables, pochoir, etc.
Mais vous n’avez pas besoin de tout ça. Personnellement, je n’utilise que mon carnet et un crayon à la mine. À la base, le bullet journal est un système de planification incroyablement simple, que l’on peut littéralement mettre en place avec ce qui nous tombe sous la main, comme un vieux cahier de notes et les stylos que vous avez volé sans faire exprès à un ou une une pauvre secrétaire.
Tout à la même place
Probablement l’avantage le plus souligné en lien au BUJO, soit que ce système permet de conserver tout en un seul et même endroit : les rendez-vous, les anniversaires, le calendrier, la liste des courses à faire, le suivi des dépenses, les numéros de téléphone, les notes prises au coin de la table, etc. Vous cherchez quelque chose, c’est dans votre bullet journal, et non quelque part où vous l’avez rangé à un endroit pour vous en souvenir et dont vous ne vous souviendrez probablement pas.
Un système de planification flexible
Le bullet journal est un système de planification facilement adaptable aux besoins de celui qui l’utilise. Cela apparaît évident lorsqu’on s’attarde à toutes les variations du BUJO : bujo for bloggers, bujo for students, bujo for writers, bujo for readers, bujo for work, etc. Par exemple :
- De nombreuses personnes préfèrent utiliser leurs propres clés (keys) plutôt que celles de Ryder Carroll (, o, –, X, >, <). Plusieurs y ajoutent également un code de couleurs.
- Typiquement, un BUJO comporte un Index des pages contenus dans le carnet, mais tous ne ressentent pas le besoin d’en avoir un.

- Le Future Log (sert à inscrire des évènements plus ou moins lointains) de la plupart des bullet journalists ne ressemble en rien à celui de Carroll, au design très simpliste.

- La page mensuelle (Monthly Log), à l’origine, se présente à la verticale, mais plusieurs optent pour un calendrier plus traditionnel avec des cases.

- Les entrées pour les pages journalières (Daily) de Carroll sont simples et seulement produites si nécessaires, mais beaucoup aiment allouer un espace défini aux dailys d’une même semaine, voire d’un même mois.

- Carroll n’utilise pas de page pour la semaine (Weekly Log), uniquement des dailys, mais il s’agit d’une pratique très répandue.
Il ne s’agit évidemment que de quelques exemples, puisque les variations sont infinies, au même titre que les individus. Ce qu’il faut retenir, cependant, c’est que les fondements du bullet journal sont facilement applicables à différentes formes, formes que vous pouvez choisir.
Les faiblesses
Dépense de temps et d’énergie inutile dans le design
Le bullet journal, dans sa plus simple expression, ne demande pas à proprement dit beaucoup de temps et d’énergie. Toutefois, si on se laisse prendre au jeu, cela peut être le cas : pages couvertures pour l’année, pour tous les mois, toutes les semaines; accumulation de collections superflues; designs compliqués; dessins; bannières; étampes; Washi Tape, etc. Au final, cela peut vous prendre un temps fou.
Si vous aimez passer du temps à décorer votre BUJO et que cela vous détend, tant mieux. Mais si vous avez l’impression de manquer de temps, pis, si vous vous sentez obligé de faire quelque chose, c’est signe que vous devez repenser votre utilisation du système. En effet, prenez garde à ne pas passer plus de temps sur votre planificateur qu’à mettre à exécution vos plans.
L’art intimidant de la communauté
Quand on voit toutes les vidéos et les photos de bullet journals qui seraient presque à leur place dans un musée d’art, on peut se sentir dépasser, d’autant plus lorsque l’on n’a pas particulièrement de talent artistique (comme moi). Il est facile d’oublier qu’à l’origine le BUJO tel que l’a imaginé Carroll est une affaire minimaliste, comme le prouve sa vidéo de présentation. Un bullet journal n’a pas à être beau, il doit seulement vous aider à vous organiser; l’important, c’est l’efficacité, pas la beauté. N’ayez pas peur de vous lancer parce que vous n’avez a priori aucun (ou peu) de talent artistique, car :
- Il existe une multitude de vidéos et d’articles du genre « Easy Doodles » ou « BUJO pour ceux qui ne savent dessiner que des bonhommes allumettes ».
- Il est parfaitement possible de faire joli avec un design minimaliste.
- Un BUJO peut être légitime et laid.
Accumulation chaotique de pages inutiles
Quand on commence un bullet journal, il est tentant d’essayer toutes les pages que l’on croise au cours de notre exploration de la communauté. En conséquence, votre BUJO peut rapidement devenir un ramassis chaotique de toutes sortes de pages et de collections qui ne vous servent peut-être pas à grand‑chose.
Demandez-vous si vous avez réellement besoin de tous ces trackers (pour les habitudes, pour l’humeur, pour la consommation de l’eau, pour le poids, pour le ménage, etc.)? Utilisez-vous réellement votre « Gratitude Log » ou est-ce que vous ne le faites pas seulement parce que vous aimez l’idée? Est-ce que vous avez vraiment besoin de tenir un journal de vos rêves? Etc. Etc. Peut-être que la réponse à quelques‑unes de ces questions est oui. Parfait dans ce cas. Mais si la réponse est non, peut-être qu’il est temps de faire un bilan, de couper dans le gras et de repartir à neuf.
Migration laborieuse des collections en évolution constante
Par « collections en évolution constante », je veux dire les collections auxquelles de nouveaux items vont nécessairement se rajouter, et ce, jusqu’à la fin des temps (ou jusqu’à ce que vous en ayez marre). Par exemple, des collections comme « Livres à lire », « Films à voir » ou « Séries TV à regarder » ne peuvent que prendre de l’expansion. Ce type de collections se prête mal au concept de migration instituée par Carroll, qui consiste à reporter – quand votre carnet-BUJO est complété – les collections qui sont toujours pertinentes dans votre nouveau bullet journal. Ainsi, non seulement ces collections toujours grandissantes prennent beaucoup d’espace, mais en plus elles prennent un temps fou à recopier d’un BUJO à l’autre. La solution adoptée par de nombreux bullet journalists est de conserver leurs collections dans un carnet à part, mais on perd évidemment un peu du facteur « tout en un » mentionné plus haut dans les forces du BUJO.
Planification à long terme inefficace
Sans aucun doute le principal défaut du Bullet Journal System : il ne permet pas une planification à long terme efficace. Oui, il y a bien le Future Log, mais ce dernier sert principalement à retenir des dates importantes, fixées, des choses qui ne demandent pas d’élaboration à l’avance. Le BUJO est idéal pour planifier au jour le jour, mais quand arrive le temps de planifier votre jour J, lequel a lieu dans quelques mois, le bullet journalist doit se faire créatif. Que fait-il? Crée-t-il une entrée daily 15 millions d’années en avance? Crée‑t-il une entrée dans le Future Log avec un renvoi vers une « collection » indépendante temporaire, qu’il devra partiellement ou totalement recopier dans son daily le jour J venu? Les bullet journalists arrivent relativement bien en général à contourner le problème à l’aide des collections, mais il me semble toutefois important de souligner ce défaut, lequel est souvent omis lors des présentations du BUJO.
Vous aurez remarqué que je nomme plus de faiblesses (5) que de forces (3), c’est que :
- Les avantages du BUJO sont très englobant, c’est-à-dire des forces énoncées découlent une foule d’autres petits plus, notamment en ce qui concerne la flexibilité du système de planification.
- On parle souvent, et de manière extensive, des forces du Bullet Journal System, ce qui n’est pas le cas de ses défauts.
Malgré cela, j’adore le Bullet Journal et je le recommande. Il s’agit par ailleurs de mon mode de planification principal. Cet article ne vise pas à décourager ceux qui voudraient se lancer, mais à les prévenir des écueils qu’ils pourront rencontrer en adoptant le BUJO comme planificateur.