Guillemets français et anglais

Comment citer avec des notes de bas de page : la méthode classique

L’aspect méthodologique, ce qui inclut la présentation matérielle de textes (travaux académiques, articles scientifiques, etc.), est souvent la bête noire des étudiants (et des chercheurs). Plus précisément, les gens ont souvent du mal avec les références et la bibliographie. J’ai fait suffisamment de travaux en équipe et édité assez d’articles scientifiques dans ma vie pour que cela apparaisse flagrant. Pour un étudiant, un système référentiel fautif veut dire : au mieux, plus ou moins 10 % perdu d’emblée à la correction ; au pis, des accusations de plagiat. Afin de prévenir ce genre d’écueils, voici le premier d’une série de guides pour aider les étudiants, les auteurs et toutes autres personnes qui pourraient en avoir le besoin dans la présentation matérielle de leurs textes. Premier guide de rédaction, donc : comment citer avec des notes de bas de page, la méthode classique.

Quand et comment citer

La paraphrase

Tout d’abord, faisons la distinction entre citation directe et paraphrase. La paraphrase, c’est ce que vous faites lorsque vous rapportez les propos de quelqu’un d’autre dans vos propres mots. C’est souvent dans ce cas-ci que le plagiat (souvent involontaire) survient. De nombreux étudiants – plus nombreux qu’on ne le croit, et certains avec plusieurs années d’études supérieures derrière eux – pensent à tort qu’il suffit de reformuler pour ne pas plagier : c’est faux. Ce sont peut-être vos mots, dans le sens où vous les avez écrits, mais ce ne sont pas vos idées. Aussitôt que vous parlez de quelque chose que vous avez entendu ou lu quelque part, vous devez citer vos sources.

La citation directe

La citation directe est un extrait, une phrase ou un morceau de phrase énoncé par quelqu’un d’autre que vous et que vous citez tel quel.

Citation de trois lignes ou moins

Si votre citation fait moins de trois lignes, vous l’insérez dans le corps du texte avec des guillemets. Il s’agit de la plus commune des citations, celle qui vient d’abord à l’esprit des gens.

Arsenault s’impose comme « un chaînon essentiel dans le monde littéraire québécois1 ».

1 Exemple tiré de mon article « Compte rendu critique : La vie littéraire de Mathieu Arsenault », qui fait référence à Camille Durand-Plourde, « Mange, lis, aime: La vie littéraire selon Mathieu Arsenault », Zone Campus, 2014, http://zonecampus.ca/blogue/?p=6118.

Faites bien attention d’utiliser les guillemets français (« ») et non les guillemets anglais (“ ”). Les deux ne s’équivalent pas, même si l’utilisation des guillemets anglais tend à se répandre chez les francophones en raison de la domination de l’anglais sur le net. Il est particulièrement facile de se laisser tenter lorsque l’on écrit à la main; il est beaucoup plus rapide de dessiner deux petites barres droites et les guillemets anglais ont également l’avantage de prendre moins d’espace dans le corps du texte. Néanmoins, dépendamment de la sévérité de votre professeur quant à la correction linguistique, vous serez pénalisé si vous n’utilisez pas les guillemets français. Cela sera notamment le cas dans un domaine comme la littérature ou les langues.

La seule occasion où les guillemets anglais sont de mise, c’est lorsqu’il y a un élément entre guillemets dans une citation elle-même entre guillemets. Ici, afin de bien différencier les guillemets ouvrant et fermant la citation de ceux constituant un élément de la citation même, vous pouvez procéder comme ceci : « il était une fois une belle journée ».

Citation de plus de trois lignes

De nombreuses personnes ignorent que lorsqu’une citation fait plus de trois lignes, ils doivent abandonner les guillemets et plutôt présenter la citation dans un bloc mis en retrait. Typiquement, votre bloc de citation doit être mis en retrait à la même distance que votre retrait de première ligne. Dans Microsoft Word, il s’agit de faire un retrait à gauche, typiquement de 1,25 car le retrait de première ligne du paragraphe est lui-même, par défaut, à 1,25.

Exemple tiré de mon article « Figure de style: la répétition, ou comment la répétition volontaire est subversive, telle qu’exemplifiée dans L’imitateur de Thomas Bernhard », citation de plus de trois lignes, « Comment citer avec des notes de bas de page : la méthode classique »
Exemple d’une citation de plus de trois lignes tiré de mon article « Figure de style: la répétition, ou comment la répétition volontaire est subversive, telle qu’exemplifiée dans L’imitateur de Thomas Bernhard », qui fait référence au fragment « Émigré » de Thomas Bernhard, L’imitateur, coll. « Folio bilingue », Paris, Gallimard, 1997, p. 69.

Notez bien qu’une citation n’est jamais en italique. Il s’agit d’une convention propre aux plateformes du Web.

Citation incomplète

Parfois, on veut citer un texte, mais tout le texte n’est pas nécessairement pertinent. Par exemple, si on cite une phrase dont on omet la fin, on emploie trois points de suspension (…) :

De plus, elle semble être incapable de terminer son récit, comme elle le dit si bien ici : « Comment est-ce qu’on pourrait seulement raconter sa vie quand on parle une langue de geekette un latin d’internet éphémère voué par avance à l’oubli1 ».

1 Exemple tiré de mon article « Compte rendu critique : La vie littéraire de Mathieu Arsenault », qui fait référence à Mathieu Arsenault, La vie littéraire, Montréal, Le Quartanier, coll. « Série QR », 2014, p. 88.

Si on omet un morceau de texte au milieu de la citation, on utilise aussi les points de suspension, mais on les met entre crochets ([…]) :

Par exemple, l’auteur opère un rapprochement des deux protagonistes en les faisant promettre dans la même phrase : « Le confident […] promit son silence au chef de l’État, le chef de l’État, de son côté, promit au confident1 ».

1 Exemple tiré de mon article « Figure de style : la répétition, ou comment la répétition volontaire est subversive, telle qu’exemplifiée dans L’imitateur de Thomas Bernhard », qui fait référence au fragment « Une histoire d’État » de Thomas Bernhard, L’imitateur, coll. « Folio bilingue », Paris, Gallimard, 1997, p. 169.

Citation secondaire

Une citation secondaire, c’est lorsque vous citez quelque chose qui était déjà une citation dans le texte où vous prenez votre information. La référence va alors comme suit :

1 Prénom Nom, cité dans RÉFÉRENCE, p. X.


Notes de bas de page

En ce qui concerne les notes de bas de page, il faut d’abord savoir qu’il existe une foule de conventions différentes selon le système de références adopté. Je couvrirai donc personnellement les règles les plus communes, celle qui sont généralisées, et non le détail d’un système bibliographique donné.

Les notes de fin

Une note de bas de page n’est pas la même chose qu’une note de fin. Une note de bas de page renvoie au bas de la page où la référence est appliquée, la note de fin renvoie à la toute fin du document. À moins de consignes ou de circonstances particulières, on emploie les notes de bas de page.

Les notes de contenu

Les notes de bas de page ne sont pas que pour les références bibliographiques. Elles peuvent aussi être utilisées pour ajouter du contenu additionnel qui, quoiqu’il ne soit pas absolument essentiel à la compréhension de votre texte, apporte une précision supplémentaire ou donne de l’information connexe.

Exemple d'une note de bas de page apportant une précision
Exemple d’une note de bas de page apportant une précision, tiré de mon article de mon avis lecture sur Le goût de l’immortalité de Catherine Dufour

Il peut parfois s’agir d’une traduction, lorsque vous citez un texte écrit dans une autre langue. Enfin, notez qu’il peut aussi y avoir des notes avec du contenu et des références. Tout cela dit, ce type de notes n’est pas strictement obligatoire; certains textes n’en ont aucune. À utiliser au besoin.

La référence qui renvoie à la note de bas de page

La référence qui renvoie à la note de bas de page, c’est-à-dire le petit chiffre de taille exposant (ex.1), doit se trouver à l’intérieur des guillemets lorsqu’il s’agit d’une citation de moins de trois lignes…

Arsenault s’impose comme « un chaînon essentiel dans le monde littéraire québécois1 ».

1 Exemple tiré de mon article « Compte rendu critique : La vie littéraire de Mathieu Arsenault », qui fait référence à  Camille Durand-Plourde, « Mange, lis, aime: La vie littéraire selon Mathieu Arsenault », Zone Campus, 2014, http://zonecampus.ca/blogue/?p=6118.

… et avant le dernier signe de ponctuation pour la paraphrase et la citation longue.

Exemple de références pour une citation de plus de trois lignes, « Comment citer avec des notes de bas de page : la méthode classique »
Exemple de références pour une citation de plus de trois lignes, tiré de mon article « Figure de style : la répétition, ou comment la répétition volontaire est subversive, telle qu’exemplifiée dans L’imitateur de Thomas Bernhard », qui fait référence au fragment « Émigré » de Thomas Bernhard, L’imitateur, coll. « Folio bilingue », Paris, Gallimard, 1997, p. 69.

Référencer plusieurs textes en même temps

Cela se produit souvent lorsque l’on paraphrase. Il arrive alors que l’une des informations données soit mentionnée dans plusieurs des textes qui nous servent de corpus critique. Notre phrase fait donc référence à plusieurs textes en même temps. Dans un tel cas, ne faites pas une note de bas de page différente pour chacun des textes référencés. En tant que personne ayant édité des articles scientifiques, je peux vous dire que l’on est un peu découragé quand on reçoit un texte où on retrouve des choses du genre :

Texte paraphrasé12345

On comprend que l’auteur fait cinq notes de bas de page, une pour chacune des références auxquelles renvoie la paraphrase. Ce que l’auteur aurait dû faire, c’est une seule note de bas de page où toutes les références – placées en ordre alphabétique selon les noms de famille des auteurs – sont séparées par un point-virgule (;). Par exemple, tiré de mon article « Compte rendu critique : La vie littéraire de Mathieu Arsenault » :

Mathieu Arsenault est un écrivain reconnu pour son militantisme contre l’inertie du milieu littéraire contemporain1.

1 Roxane Chouinard, « «La vie littéraire» de Mathieu Arsenault », NERDS, 2014, http://nerds.co/la-vie-litteraire-de-mathieu-arsenault/.; Camille Durand-Plourde, « Mange, lis, aime: La vie littéraire selon Mathieu Arsenault », Zone Campus, 2014, http://zonecampus.ca/blogue/?p=6118.; Camille Gagné, « Le cycle de Mathieu Arsenault », Blogue Portraitshttps://www.blogues.cstip.ulaval.ca/portraits/le-cycle-de-mathieu-arsenault.; Judy Quinn, « La survie littéraire de Mathieu Arsenault », Nuit blanche, 2016, p. 56‑57.

Citer différents textes du même auteur

Si vous citez plusieurs fois le même auteur, mais pour des références différentes (c’est-à-dire différents textes d’un même auteur), vous pouvez les distinguer de cette façon :

1 John Doe, Titre du texte 1 ou « Titre de l’article 1 », abréviation normalement appropriée, p. X.

4 John Doe, Titre du texte 2 ou « Titre de l’article 2 », abréviation normalement appropriée, p. X.

Vous utilisez donc les abréviations de la même manière qu’à l’accoutumé, mais vous spécifiez toujours, dans le cas de l’auteur qui nous intéresse, le titre du texte concerné. Il existe d’autres façons de procéder, mais il s’agit selon moi de la manière la plus simple. À moins que votre enseignant ou X personne ne s’y oppose, je vous recommande cette méthode.

Présentation de la note selon le nombre d’auteurs

Dans les notes de bas de page, les noms d’auteur sont présentés dans l’ordre Prénom Nom et le nom de famille n’est pas tout en majuscule.

Note de bas de page à un auteur

Prénom Nom, RÉFÉRENCE.

Note de bas de page à deux auteurs

Prénom Nom et Prénom Nom, RÉFÉRENCE.

Note de bas de page à trois auteurs

Prénom Nom, Prénom Nom et Prénom Nom, RÉFÉRENCE.

Note de bas de page avec plus de trois auteurs

En général, si le texte cité comporte plus de trois auteurs, on nomme les trois premiers auteurs puis on utilise et al. pour le reste.

1 John Doe, Jane Doe, John Smith et al., RÉFÉRENCE.

Le nombre d’auteurs que l’on doit citer textuellement avant d’utiliser et al. varie selon le système bibliographique adopté. La norme est souvent trois, mais pour l’APA, par exemple, on va jusqu’à sept auteurs. À noter également, dans certaines disciplines (et c’est souvent le cas en littérature), on exige de nommer tous les auteurs peu importe leur nombre. Il n’y a alors pas lieu d’employer et al..

Les abréviations utilisées quand on cite une source plus d’une fois

Il existe des abréviations à utiliser lorsque l’on cite plusieurs fois la même source, afin de ne pas avoir à écrire la référence complète à chaque fois.

Ibidem.

Si vous citez la même source que celle que vous venez de citer et qu’il s’agit exactement de la même page, vous pouvez utiliser Ibidem..

1 Ibidem.

Cette abréviation est toutefois rarement employée. Le plus souvent, on utilise seulement Ibid..

Ibid.

Si vous citez la même source que celle que vous venez de citer, mais pas nécessairement la même page, utilisez Ibid. en spécifiant le nouveau numéro de page.

1 Ibid., p. X.

Si vous utilisez Ibid. dans le sens d’Ibidem., vous n’avez pas à spécifier le numéro de page, puisque vous référencer la même chose que dans la note de bas de page précédente.

1 Prénom Nom, RÉFÉRENCE, p. X.

2 Ibid.

op. cit.

Si vous citez un livre ou une chapitre de livre que vous avez déjà cité plus tôt dans votre texte (et que ce n’est pas la même source que celle que vous venez de citer), utilisez op. cit..

1 Prénom Nom, op. cit., p. X.

loc. cit.

Si le texte que vous avez déjà cité plus tôt est un article, utilisez loc. cit. à la place de op. cit..

1 Prénom Nom, loc. cit., p. X.


Cas particulier : lorsque vous faites un travail sur un corpus donné

Si vous faites un travail qui porte sur un corpus restreint, vous serez probablement appelé à citer souvent le même ouvrage. C’est notamment le cas dans les études littéraires. Afin de ne pas surcharger votre dissertation de notes de bas de page, vous pouvez – dans certaines disciplines et si cela est admis par votre enseignant –faire une note de bas de page la première fois que l’ouvrage de votre corpus est évoqué et préciser dans ladite note que les prochaines références au livre seront indiquées entre parenthèse avec les initiales du Titre et le numéro de page cité (InitialeDuTitre, p. X). C’est ainsi que j’ai procédé pour ma dissertation « Les héroïnes hantées de Catherine Mavrikakis : la spectrale survivance dans Ça va aller et Le ciel de Bay City » :

D’une part, nous avons Ça va aller1, qui raconte l’histoire de Sappho-Didon Apostasias, fille d’immigrants juifs venus d’Europe pour s’installer au Québec qui refuse violemment d’être assimilée au personnage d’Antigone Totenwald, héroïne de l’auteur québécois chéri Robert Laflamme. D’autre part, nous avons Le ciel de Bay City2, qui fait le récit d’Amy Duchesnay, fille d’immigrants juifs venus d’Europe pour s’installer aux États‑Unis qui a du mal à concilier ses origines françaises avec son identité américaine.

1 Catherine Mavrikakis, Ça va aller, Montréal, Bibliothèque québécoise, 2013 [2002], 168 p. Désormais, les références à ce texte seront indiquées entre parenthèses à la suite des citations, avec la mention CVA pour « Ça va aller ».

2 Catherine Mavrikakis, Le ciel de Bay City, Montréal, Héliotrope, 2008, 294 p. Désormais, les références à ce texte seront indiquées entre parenthèses à la suite des citations, avec la mention CBC pour « Ciel de Bay City ».

Suivant ces premières notes de bas de page, mes références à Ça va aller et Le ciel de Bay City prenaient cette forme :

Aussi, l’héroïne dit de l’Europe : « L’Europe me dégoûte. L’Europe devrait se suicider. Elle est trop vieille. Elle sent l’histoire, le pourri, le rance… […] Je déteste l’Europe. Ça pue l’authenticité, la bonne bouffe vraie, les bons vins vrais, l’art de vivre vrai… » (CVA, p. 77).

Je me souviens encore de ce fibrome bleu au bout de Veronica Lane, de cette demeure métallique qui avait quelque chose du bunker. C’était notre chez nous. La maison semblait bien davantage être les vestiges d’une quelconque apocalypse qu’une promesse gonflée d’avenir (CBC, p. 12).


Ce petit guide sur la méthode classique de référencement avec des notes de bas de page ne fait que survoler les bases. Il m’est impossible, dans le contexte du présent article, de couvrir en détails comment se présente chaque note de bas de page en fonction de la nature de la source citée, car la présentation change en fonction du système bibliographique adopté (Chicago, Vancouver, etc.).

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