Book Review: Neverwhere, Neil Gaiman

Avis lecture : Neverwhere, Neil Gaiman

Neverwhere est à la base une série télévisée créée à la demande de HBO. Neil Gaiman, qui fait alors office de scénariste, est légèrement frustré de devoir couper certains passages, le tout dû au format restrictif de la télévision. Le roman Neverwhere est ainsi né.

Redécouvrir une œuvre de sa jeunesse

Ce roman d’urban fantasy m’avait fait une forte impression lorsque je l’avais lu il y a cela plusieurs années. J’avais été séduite par son univers excentrique, ses personnages colorés et son humour particulier. C’est d’ailleurs ce qui m’a poussé à me procurer le roman après tant de temps écoulé; je désirais redécouvrir la Londres-d’En-Dessous, espérant que le roman serait à la hauteur de mon souvenir.

L’expérience s’est avérée très agréable, même si loin d’être tout aussi jubilatoire que la première lecture. Ce constat est le fait de deux choses selon moi : d’une part, plusieurs moments clés de l’intrigue étaient demeurés clairs dans mon esprit, enlevant ainsi au livre une part de son attrait; d’autre part, la maturité que j’ai acquise en tant que lectrice m’a rendu plus exigeante, plus critique.

Un univers imaginatif, mais sous-exploité

En effet, si l’univers m’apparaît toujours aussi imaginatif, je le trouve néanmoins sous-exploité. Quand Richard découvre la Londres-d’En-Bas au départ, l’univers prédomine sur tout, et ce, pour notre plus grand bonheur. Malheureusement, les personnages et l’intrigue ne tardent pas à prendre le pas, le tout au détriment de l’environnement, qui perd rapidement de sa nouveauté, puisqu’on a vite fait le tour de l’essentiel. Peut-être ne s’agit-il que de mon goût personnel, mais j’aurais apprécié que Neil Gaiman, à l’image de China Miéville, décrive en long et en large le monde qui réside dans sa tête.

Des personnages moins solides que dans mon souvenir

Ensuite, pour ce qui est des personnages colorés, sauf exception, ils m’ont semblé beaucoup moins forts qu’à l’époque. Richard, bien qu’ayant ses moments, est plus pathétique qu’autre chose, tellement qu’il passe à deux doigts de devenir un poids pour le récit. Porte, quant à elle, manque de mordant comme héroïne, si bien qu’elle forme un duo, avec Richard, plus ou moins efficace. Chasseur, que j’avais beaucoup aimée étant plus jeune, m’a énormément déçue car son caractère est typique et sa psychologie et son histoire sont sous-développées. L’Ange Islington, pour sa part, est terriblement désappointant parce qu’il est exactement ce à quoi on s’attend, sans aucune surprise. M. Croup et M. Vandemar sont de savoureux protagonistes; ils nous offrent quantité de répliques réjouissantes, même si manquant parfois de finesses. Et enfin, je n’oublie pas le marquis de Carabas, mon personnage favori pour sa ruse malicieuse et sa loyauté conditionnelle, ses courbettes élégantes et menaçantes, son culot, son… Vous aurez compris que j’adore la complexité de ce personnage à deux faces.

Une histoire qui manque un peu d’audace

Enfin, je parlerai de l’histoire en elle-même, qui est suffisamment efficace pour ne pas nous ennuyer, mais pas assez audacieuse pour rendre justice à l’univers du roman. On démêle plutôt facilement les ficelles de l’intrigue, ce qui est en fait le plus gros défaut du bouquin.


Au final, j’ai aimé ma relecture, mais je crois que j’aurais davantage apprécié s’il s’agissait de ma première lecture, car mon souvenir de Neverwhere de Neil Gaiman parasitait ma lecture présente. Cela dit, l’univers du roman, tout comme certains de ses protagonistes (M. Croup et M. Vandemar ainsi que le marquis de Carabas), valent assurément le détour; ils fascinent et nous donnent envie d’en savoir davantage.

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Couverture de Neverwhere de Neil Gaiman : Londres
GAIMAN, Neil, Neverwhere, Paris, J’ai Lu, 2011 [1996], 379 p.

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