Couverture de L'enfant des mondes assoupis

Avis lecture : L’Enfant des Mondes Assoupis, Yves Meynard

L’Enfant des Mondes Assoupis est une recueil de nouvelles de SFFQ écrites par l’auteur québécois Yves Meynard. Il est paru en 2009 aux éditions Alire.

La rose du désert

Un peuple d’immortels a oublié l’objet de sa mission, la raison de sa présence.

Avec des thèmes comme ceux de l’immortalité et de la mémoire, cette nouvelle avait tout pour m’accrocher, et elle l’a fait. Le texte, débutant sur une image forte, happe le lecteur dès les premières lignes pour ensuite l’amener à se poser des questions, à chercher d’où proviennent ces échos du passé qui bouleversent Mospedeo. La lutte intérieure du personnage principal, ainsi que la tension qui règne chez les non-morts, est décrite avec justesse, donnant un caractère très humain au tout. De la même manière, le mystère, et l’ambiance en générale, est amené avec finesse, ajoutant de l’intérêt à un univers simple, mais pourtant captivant.

Équinoxe

Un rêve est supposé vous indiquer la voie. Catherine est-elle une enfant du bien ou du mal? Ou peut-être autre chose…

Une nouvelle aux abords prometteurs, avec une nef cylindrique pour univers et une intrigue mystique qui, bien que ne présentant rien de nouveau, avait un potentiel certain. Malheureusement, l’univers n’est que survolé et l’histoire beaucoup trop précipitée. La fin, incroyablement convenue, donne presque l’impression d’être bâclée. Un texte qui nous laisse sur notre faim, car il a tout d’un commencement plutôt que d’un récit achevé.

On dit que le Vaisseau est si immense qu’un enfant pourrait marcher toute sa vie le long de la nef vers le chœur, sans jamais l’atteindre ; que ce seraient ses petits-enfants qui atteindraient finalement les murs de la Cité de Contrôle, et qui tambourineraient sur les vantaux d’uranium, dans le vain espoir d’être admis à l’intérieur…

Une princesse de Serendip

À une époque où l’évolution de la science est méticuleusement contrôlée, des recherches menées il y a une dizaine d’années et déclarées illégales refont surface.

Ce récit m’a laissé plutôt de marbre, collage de scènes qui, indépendamment, sont pertinentes, mais qui, une fois réunies, manquent d’uniformité. Ainsi, à chaque fois que notre intérêt est piqué, l’auteur passe à autre chose, ce qui devient rapidement frustrant.

Constat : un ramassis de plusieurs très bonnes idées – notamment celle du téléchargement de conscience – qui sont malheureusement sous-exploitées. Sans compter que, tout comme le souligne Yves Meynard lui-même, cette nouvelle commence à dater.

Les Hommes-Écailles

Les Hommes-Écailles voguent d’île en île sur le dos de Léviathan.

Un concept qui relève davantage de la fantasy que de la science-fiction, selon moi. D’ailleurs, j’irais jusqu’à dire qu’il s’agit d’un type de fantasy plutôt classique, ce qui ne faut pas comprendre comme une critique.

Bien que je déplore une fois encore que l’univers ne soit pas développé plus en profondeur, notamment car cela fait apparaître certains détails comme superflus alors qu’il aurait pu en être autrement (je pense ici aux différentes couleurs des peuplades), l’histoire en soi est assez bien menée. Sans rien révolutionner, l’auteur amène son lecteur jusqu’à une conclusion certes prévisible, mais qui se devait de l’être dans le cas présent.

Le Vol du Bourdon

Une Ruche capture un Bourdon qui dit venir de la Terre.

Un autre décor tout à fait fascinant, qui aborde par l’entremise de son peuple-abeille un autre aspect de la science-fiction qui m’est cher : les variantes humanoïdes. Ici, on termine notre lecture avec une envie insatiable de découvrir plus à fond ce monde exotique, sans toutefois avoir le sentiment que le tout a été sous-exploité, contrairement à la plupart des autres textes.

Cela est sans doute dû à la qualité humaine de la nouvelle. De la princesse forcée à l’innocence par son régime alimentaire, et ce, malgré son âge, au bourdon, diplomate maladroit et désespéré, jusqu’à la reine aux abords glaciaux, mais au cœur chaud contre toute attente, les personnages sont tous plus touchants les uns que les autres.

Chasseur et Proie

Un chasseur cherche à débusquer sa proie, mais il ne se fait plus tout jeune; plus que jamais il a besoin de ses ajusteurs.

Le décor dans lequel prend place cette histoire semble bien terne en comparaison des univers présentés dans les autres nouvelles, mais il n’est pas dénué de tout intérêt. Cependant, l’intrigue en elle-même est sans audace, ce qui fait de Chasseur et Proie une lecture qui, sans être ennuyeuse, n’a rien de bien captivant, la fin clichée n’aidant pas.

L’Enfant des Mondes Assoupis

Le prince des Mondes Assoupis désire plus que tout découvrir la Merre d’origine, mais celle-ci n’a rien à voir avec ce qu’il s’était imaginé.

Un récit qui trouve sa pertinence dans son atmosphère plus que dans son univers ou ses protagonistes. L’histoire progresse lentement, l’univers n’est dépeint que par petites touches, mais l’esquisse est réussie, et le tout ne manque certainement pas de caractère.

En effet, une espèce de torpeur éprend le lecteur alors qu’il découvre la Merre corrompue, un engourdissement qui sied à merveille au titre de la nouvelle. Puis il y a le retour du prince, pour qui s’est écoulé deux semaines plutôt que 14 ans. Les Mondes Assoupis se sont éveillés durant son voyage interstellaire, ont évolué, et le lecteur s’éveille avec eux.

Soldats de sucre

Sforzino est un soldat de sucre, mais il est défectueux, un morceau de sa substance est resté collé dans le moule originel.

Un concept original sur lequel il m’est impossible d’apposer une étiquette. Ce texte, c’est une histoire de jouets, mais une version qui ne prête pas à rire, aussi cruelle que touchante.

Le personnage principal se voit affublé d’un handicap inédit : une liberté de pensée, ce qui rend l’obéissance aveugle beaucoup plus difficile. On le voit se démener avec sa différence, partager entre son désir d’une vie simple à suivre les ordres d’un enfant gâté et ses idées divergentes, notamment en ce qui concerne l’Ennemie. Un beau combat intérieur, qui se résout peut-être un peu trop inopinément.

Un décor à la fois farfelue et réaliste, qui puise sa force dans les petits détails apportés par l’auteur.

Un avis partagé

En conclusion, un recueil plutôt partagé, mais qui laisse néanmoins une impression plus positive que négative. Bien que j’aie été légèrement déçue par l’ensemble que forme L’Enfant des Mondes Assoupis, je ne peux qu’admirer la facilité avec laquelle Yves Meynard nous fait miroiter des univers enchanteurs de sa plume d’un lyrisme tout en retenu.

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