Book Review: Les Scarifiés, China Miéville

Avis lecture : Les Scarifiés (Bas-Lag, 2), China Miéville

Un exploit réitéré

Second roman situé dans l’univers de Bas-Lag, The Scar peut néanmoins être lu indépendamment. Réitérant l’exploit accompli avec Perdido Street Station [avis lecture], China Miéville s’impose une nouvelle fois comme une figure majeure de ce nouveau courant littéraire que l’on appelle « new weird ». En effet, la plupart des gens ayant lu Perdido Street Station et Les Scarifiés sont d’avis que le second est encore meilleur que le premier. Pour ma part, je suis incapable de choisir, car les deux œuvres sont excellentes pour des raisons analogues, mais également différentes.

Un univers toujours aussi riche

La plus grande qualité des Scarifiés, à l’instar de son prédécesseur, est la richesse de son univers. En effet, China Miéville accorde toujours autant d’importance à ses décors. Cependant, il le fait différemment dans Les Scarifiés que pour Perdido Street Station. Dans ce dernier, l’auteur s’applique à définir un endroit en particulier, soit Nouvelle-Crobuzon, laquelle est si bien dépeinte dans le tome 1 qu’elle prend vie et vole la vedette aux personnages et à l’intrigue. On peut même dire, dans une certaine mesure, que l’Univers porte l’histoire en ce qui concerne Perdido Street Station.

Dans The Scar, bien que Miéville prête une attention particulière à Armada, une ville flottante constituée de navires capturés et habités par les prisonniers de ces conquêtes, il est néanmoins limité par la taille relativement petite (en comparaison de Nouvelle-Crobuzon, à tout le moins) de l’endroit. Ainsi, l’auteur décrit plutôt une foule de lieux exotiques alors que les personnages progressent sur les mers. Il parvient, contre toute attente, à rendre chacun de ces lieux fascinants, dressant un portrait non exhaustif de chacun d’entre eux sans toutefois laissé le lecteur insatisfait. Il pique notre curiosité, nous émerveille, sans nous frustrer. En conséquence, l’Univers ne porte pas l’histoire ici (quoiqu’au sens littéral, les personnages se déplacent grâce à Armada, qui est une part importante de l’univers, mais bref), mais demeure un élément essentiel, car il s’agit d’un récit de voyage, en quelque sorte, et les différents paysages font rêver le lecteur.

Personnellement, j’ai préféré le portrait intimiste de Nouvelle-Crobuzon aux esquisses des différents lieux présentés dans Les Scarifiés, car je privilégie la profondeur à l’exotisme, mais sans doute est-ce une question de goût. Après tout, je suis une amatrice de ce que j’appelle les « livres-univers », c’est-à-dire les romans où l’univers en général occupe une place prépondérante.

Une intrigue qui surpasse son prédécesseur

Cependant, si je préfère l’univers de Perdido Street Station à celui des Scarifiés, l’intrigue du second roman surpasse celle du premier. En effet, l’idée à la base de The Scar est moins conventionnelle, notamment grâce au point de vue du personnage principal, Bellis. Centrée sur elle-même, celle-ci lutte dans son propre intérêt, si bien qu’elle est peu concernée par la grande quête des Amants. Cette façon de relater l’histoire, à travers le regard d’un protagoniste « détaché » de l’objectif ultime, entretient le mystère, si bien que le lecteur s’interroge sans arrêt, cherchant à répondre aux questions laissées sans réponse, et ce, jusqu’à la toute fin. De plus, il est important de souligner que l’intrigue de The Scar, de manière globale, est amenée avec davantage de subtilité que celle de Perdido Street Station.

Des personnages bien campés, mais moins marquants que dans Perdido Street Station

Toutefois, si j’admets que le récit raconté dans Les Scarifiés est mieux mené, j’ai néanmoins été légèrement déçu par les personnages en général. Bien que tous les protagonistes soient bien campés, Miéville détaillant avec finesse l’imperfection de l’humanité, ceux-ci m’ont, dans leur ensemble, moins marqué que les héros de Perdido Street Station. Par exemple, des protagonistes comme les Amants et Uther Dol, au potentiel imposant par leur caractère non orthodoxe, laissent une moins grande impression que la Fileuse ou le Concile Artefact. De même, le personnage de Bellis semble très antipathique en comparaison d’Isaac et celui de Tanneur, bien que touchant, apparaît un peu inutile par moment.

Une œuvre de fantasy d’une rare qualité

Néanmoins, j’espère être parvenue à transmettre mon enthousiasme pour cette œuvre, car The Scar est une œuvre de « fantasy » d’une rare qualité, à l’univers incroyablement riche, qui confirme la grande opinion que j’ai de China Miéville.

Se procurer Les Scarifiés

Couverture du roman Les Scarifiés de China Miéville : deux pirates
MIÉVILLE, China, Les Scarifiés, Pocket, coll. « Fantasy », 2008, 864 p.

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