Prix des Horizons imaginaires 2019

SLM2018: Rencontre avec les finalistes du Prix des Horizons imaginaires 2019

À l’occasion du Salon du livre de Montréal 2018 avait lieu une rencontre avec les finalistes du Prix des Horizons imaginaires 2019, soit Maude Deschênes-Pradet pour Hivernages[1] ; Marilyne Fortin pour Le Potager[2] ; Karoline Georges pour De synthèse[3] ; Michèle Laframboise pour La Ruche[4] ; et Mathieu Villeneuve pour Borealium tremens[5]. Mathieu Lauzon-Dicso était aussi présent pour parler un peu de l’histoire du prix lui‑même et des Horizons imaginaires. L’auteure Ariane Gélinas[6] animait le tout. Comme le plus grand nombre de mes lectures appartiennent aux littératures de l’imaginaire, il n’est pas étonnant que je m’intéresse à ce prix en particulier.

SLM2018: Rencontre avec les finalistes du Prix des Horizons imaginaires 2019
De gauche à droite: Ariane Gélinas, Karoline Georges, Maude Deschênes-Pradet, Marilyne Fortin, Michèle Laframboise, Mathieu Villeneuve, Mathieu Lauzon-Dicso

Le Prix des Horizons imaginaires

Qu’est-ce que le Prix des Horizons imaginaires?

Le Prix des Horizons imaginaires est un prix littéraire décerné par les collégiens des cégeps et collèges participants. Le comité de sélection, qui détermine les finalistes au préalable, est formé de spécialistes du genre (deux femmes, deux hommes) ainsi que de l’étudiant ayant remporté le concours de critique littéraire organisé par les Horizons imaginaires (HI). Les membres du jury changent à tous les ans. Le prix est attribué à un/une auteur(e) québécois(e) dont l’œuvre relève des littératures de l’imaginaire.

L’histoire du prix

Mathieu Lauzon-Disco, la personne derrière le projet des Horizons imaginaires, était, tel qu’indiqué plus haut, présent à la rencontre. Il a ouvert celle-ci avec une courte mais intéressante histoire du prix des Horizons imaginaires. Professeur de français langue seconde au Collège Marianopolis, l’un des cours qu’il enseigne concerne les littératures de l’imaginaire francophones. Une année, ses élèves sont venus le voir pour lui demander s’il serait possible de poursuivre ce qu’ils avaient commencé dans le cadre du cours. De cette requête est d’abord né un club de lecture ; deux semaines plus tard, le prix était né. La première édition, qui a eu lieu à l’automne 2016, impliquait uniquement les étudiants du Collège Marianopolis lui-même. C’est à partir de la seconde édition que le prix est devenu une affaire intercollégiale. Le prix continue à prendre de l’ampleur et de plus en plus de cégeps participent.

La parole aux étudiants

Les Horizons imaginaires donnent la parole aux étudiants, non seulement dans le cadre du prix, mais aussi en ce qui concerne le blog éponyme, dont les articles sont signés par des étudiants. Le but est de faire entendre leur voix, de faire en sorte qu’elle soit reçue comme légitime auprès des littéraires.

Les finalistes de l’édition 2019

Prix des Horizons imaginaires 2019

Maude Deschênes-Pradet

Hivernages est le second roman de Maude Deschênes-Pradet. Sa thèse de doctorat, « Habiter l’imaginaire », porte sur les lieux inventés, ce qui n’est pas sans rappeler la prémisse du livre présent.

DESCHÊNES-PRADET, Maude, Hivernages, Montréal, Éditions XYZ, coll. « Romanichels », 2017, 192 p.
DESCHÊNES-PRADET, Maude, Hivernages, Montréal, Éditions XYZ, coll. « Romanichels », 2017, 192 p.

Hivernages est un roman troué; un hiver qui ne s’est pas terminé, raconté par fragments et dans le désordre. Différents personnages tentent de survivre au froid, à la solitude, à la mort. Deux sœurs qui s’aiment trop, une fillette aux mains crochues, un garçon qui refuse de se couper les cheveux, un vieux qui a oublié son nom, des vieilles qui mangent des beignets dans une ville souterraine, une femme qui n’a jamais connu d’orgasme, tous survivent à la tempête dans un paysage d’aurores boréales.

Elle était obsédée par l’image des grands espaces. Savoir que ces derniers sont froids, hostiles et dangereux ne l’a pas arrêtée. Lorsqu’elle a découvert qu’elle était enceinte, elle a dit: «L’enfant sera libre ou ne sera pas.» La curiosité et la témérité sont brimées dès l’enfance à Ville-réal. Soigneusement et méthodiquement. Pour Alyse, laisser faire cela à son propre bébé n’était pas envisageable.

Sam a refusé de l’accompagner. C’était clair entre eux: l’enfant appartenait à Alyse. Lui, de toute façon, n’avait jamais souhaité d’enfant. Un être qui dépendrait de lui pour survivre. Elle ne lui a pas annoncé le jour de son départ. Ils avaient décidé que c’était la meilleure façon: il ne pourrait pas l’empêcher de partir ni la dénoncer, et il ne saurait rien de ses préparatifs. Cette ignorance le protégerait des enquêtes et des interrogatoires.

Marilyne Fortin

Le Potager est aussi le second roman de Maryline Fortin. Son premier livre, La Fabrica (Québec Amérique, 2014), était finaliste au prix du Gouverneur général en 2015.

FORTIN, Marilyne, Le Potager, Montréal, Québec Amérique, 2017, 344 p.
FORTIN, Marilyne, Le Potager, Montréal, Québec Amérique, 2017, 344 p.

Et s’il fallait porter un masque et des gants en permanence ? Faire ses provisions grâce à des coupons de rationnement ? Se débarrasser des chats faute de nourriture ? Se déplacer à vélo puisqu’il n’y a plus d’essence? Et si l’apocalypse arrivait tout doucement, insidieusement?

Depuis qu’un virus mortel s’est propagé partout dans le monde, Caroline voit chaque semaine son univers changer. Entre deux crises d’anxiété, elle doit néanmoins s’occuper de son mieux de ses deux jeunes garçons. Tout ce qui était auparavant si simple est devenu difficile. Même se nourrir. Les habitants de son quartier décident alors de s’unir pour cultiver un potager… mais les choses les plus banales prennent désormais des allures dramatiques.

Jusqu’où ses voisins iront-ils pour protéger leurs récoltes maintenant que chaque personne représente un concurrent dans cette course à la survie? Et jusqu’où Caroline elle-même ira-t-elle?

Quand il l’avait rencontrée, Caroline n’avait pas plu immédiatement à Samuel, ce à quoi il repensait parfois en éprouvant une petite gêne. Sans être laide, elle n’était pas non plus de celles qui donnent des torticolis aux garçons. La côtoyant par amis interposés au cours de leurs études universitaires, dans les 5 à 7 et les soirées dans les bars, il avait toutefois été peu à peu séduit par cette femme aux lèvres bien dessinées et à la poitrine généreuse. Elle n’avait pas toujours confiance en elle et s’appuyait sur lui à son insu. Cela donnait de l’importance à Samuel, le faisait se sentir fort à ses côtés. Il adorait ça. Qui plus est, Caroline était douce, attentionnée, drôle et réfléchie. Il la connaissait depuis plus de dix ans et il l’aimait toujours. Enfin, il croyait bien la connaître, mais en la voyant ce soir, ses mains gantées de jaune plongées dans l’eau savonneuse, la bouche tremblante et le regard dur, il eut des doutes. Son visage, habituellement si posé, menaçait de s’empourprer à nouveau. Deux fois en trois jours? Vraiment? Et toujours pour ce foutu potager? Samuel avait peine à le croire, mais sa femme semblait se métamorphoser devant lui. C’était un agneau à qui il poussait soudainement des griffes et une crinière, et ça, c’était plus surréaliste que tout le reste.

Karoline Georges

Karoline Georges est une artiste multidisciplinaire et une écrivaine qui touche à plusieurs genres : poésie, jeunesse, nouvelles, etc. Son roman De synthèse est acclamé de toute part : finaliste du Prix des Horizons imaginaires ; première sélection du Prix des libraires du Québec ; récipiendaire du Prix du Gouverneur général, du Prix Jacques-Brossard de la science-fiction et du fantastique québécois, du Prix Arlette-Cousture et du Prix Aurora Boréal du meilleur roman.

GEORGES, Karoline, De synthèse, Québec, Alto, 2017, 207 p.
GEORGES, Karoline, De synthèse, Québec, Alto, 2017, 207 p.

L’une s’immobilise devant les fenêtres de sa maison en banlieue avec le poids de la mort au creux du ventre; l’autre cherche à traverser l’écran pour se transformer en image grâce à son avatar numérique, en quête d’absolu.

L’une a donné naissance à l’autre, qui tente maintenant de renaître à travers un corps virtuel, loin de la morosité du nid familial.

Récit d’une lumineuse lucidité propre à ouvrir les consciences et à faire vibrer les âmes, De synthèse met en lumière l’aboutissement d’une relation filiale du point de vue d’une femme-image renouant avec sa famille au moment où sa mère entre en phase terminale, au terme d’une longue période de dégénérescence. C’est une histoire de corps, de disparition, de reflets, de composition et de décomposition. C’est l’histoire d’une image à parfaire, par-delà le désastre de la chair.

Michèle Laframboise

La Ruche est le 18ème roman de Michèle Laframboise, une vétérane des littératures de l’imaginaire.

LAFRAMBOISE, Michèle, La Ruche, Sherbrooke, Les Six Brumes, coll. « Six Brumes », 2018, 122 p.
LAFRAMBOISE, Michèle, La Ruche, Sherbrooke, Les Six Brumes, coll. « Six Brumes », 2018, 122 p.

Marilyn danse.

Un courant d’air traverse la grille sous ses escarpins, soulevant le bas de sa robe. L’actrice se penche pour presser les pans rebelles, un geste souligné par un accord de cuivres. Le vent coquin soulève l’arrière de sa robe, dénudant ses jambes galbées.

Elle éclate de rire, un rire perlé, chorégraphié au quart de seconde, chaque note sonnant comme une invitation.

Des sifflements montent autour du plateau surélevé sur lequel elle se trémousse.  Une masse de touristes et d’habitués dégustent des flûtes de vin, chacun palpant le bouquet de roses rouges au centre de leur table.

Aucun d’eux ne connaît l’origine du numéro de Marilyn, de la robe ou du courant d’air. Cela ne les empêche pas d’évaluer leurs chances d’obtenir un rendez-vous galant, pourvu que la mise encryptée dans leur bouquet soit suffisante.

Et vous, avez-vous déjà rencontré Marilyn ? Suivez-la au cœur de la Ruche, là où la sensualité épouse le mystère.

Mathieu Villeneuve

Borealium tremens est le premier roman de Mathieu Villeneuve, directeur littéraire aux Éditions Triptyque. Le livre a reçu de nombreux prix en plus d’être nominé pour le Prix des Horizons imaginaires.

VILLENEUVE, Mathieu, Borealium tremens, Saguenay, La Peuplade, 2017, 366 p.
VILLENEUVE, Mathieu, Borealium tremens, Saguenay, La Peuplade, 2017, 366 p.

David Gagnon veut rénover la Maison brûlée, dont il hérite à la mort de son grand-oncle, une maison-fantôme comme les autres dans le fond d’un rang de Saint-Christophe-de-la-Traverse. Il veut aussi y cultiver la terre et y terminer son roman, malgré les menaces d’expropriation, les voix qui vibrent, les hallucinations, les racines qui gagnent du terrain, les tiques et l’hiver féroce. Engoncé dans son tombeau de bois pourri, dans l’alcool et dans les archives de sa famille, le jeune écrivain est appelé à accomplir la prophétie sauvage, celle qui avait autrefois animé Auguste et plusieurs autres avant lui, et qui animera ceux qui ne sont pas encore nés.

Rencontre avec les finalistes au Salon du livre de Montréal

À noter, il ne s’agit pas d’une retranscription fidèle des propos de chacun des auteurs. Je me contente ici de résumer leurs réponses à partir de notes prises lors de l’événement.

D’où vient leur intérêt pour les littératures de l’imaginaire?

Karoline Georges : Son intérêt passe d’abord par la télévision, surtout les séries de science-fiction. En ce qui concerne la littérature, elle a vite été attirée par les romans d’anticipation et d’horreur.

Marilyne Fortin : Dès l’école primaire, elle s’intéresse au genre de l’horreur, au cinéma comme à la télévision. Son premier texte était une nouvelle fantastique.

Michèle Laframboise : Jeune, elle lisait beaucoup de romans de la collection de fantastique des éditions Marabout, alors dirigé par son père. Elle lisait aussi de nombreuses BD.

Mathieu Villeneuve : Son intérêt pour les littératures de l’imaginaire lui a été transmis par son père qui lui racontait des histoires de peur. Plus tard, les Tintins et le cinéma de genre.

Maude Deschênes-Pradet : Ses parents l’amenaient à la bibliothèque et elle était libre de choisir ce qu’elle voulait lire. Ces premiers coups de cœurs sont des bandes dessinées, puis la collection Frissons. Sinon, elle lit un peu de tout aujourd’hui, refusant faire la différence entre les romans « réalistes » et « non-réalistes ».

Genèse des œuvres finalistes

Mathieu Villeneuve : Borealium tremens est inspiré d’une vraie maison, en ruine et pleine de trouvailles historiques, que l’auteur a visité plusieurs fois. L’influence de la maison se ressent aussi à travers l’imaginaire des régions qui imprègne le texte.

Karoline Georges : Dans son roman Ataraxie, elle mettait en scène une narratrice voulant devenir une femme-image, notamment à travers une séance de torture capillaire. Elle s’est alors demandée comment créer une femme-image et de cette réflexion est née De synthèse. Dans ce dernier, elle explore la relation au corps, mettant en opposition un corps virtuel en composition, l’avatar, versus un corps physique en décomposition, celui de la mère, en train de disparaître.

Maude Deschênes-Pradet : Son roman est lié à son intérêt pour les lieux inventés, sujet de sa thèse de doctorat « Habiter l’imaginaire ». Un jour, elle s’est demandée : que se passerait-il si l’hiver ne se terminait pas, si le printemps ne venait jamais? Rédigé dans les cafés, son texte a été difficile à écrire : plein de fragments, plein de personnages…

Michèle Laframboise : La Ruche est à l’origine une nouvelle intitulée « Le Vol de l’abeille », récipiendaire du Prix Solaris 2006. L’auteure a d’abord soumis la nouvelle aux Six Brumes afin de la publier dans la collection « Nova », mais la collection a été abandonnée, si bien qu’elle a dû retravailler le texte et l’allonger afin de le publier. Le texte s’inspire de la célèbre scène où Marilyn Monroe se tient sur une bouche d’aération, l’air soulevant sa jupe. Le livre dénonce ainsi l’hypersexualisation de la femme à travers la mise en scène d’un bordel de luxe et se hiérarchie.

Marilyne Fortin : Le Potager est né du sentiment d’angoisse survenu quand l’auteure a eu des enfants. Au début, son enfant ayant un petit rhume était ressenti comme une catastrophe. Elle s’est alors demandée ce qui se passerait si la maladie était véritablement une catastrophe? Comment fait-on sa vie au cœur d’une épidémie?

L’importance de la famille dans les œuvres finalistes

Marilyne Fortin : La famille est au centre du Potager, puisqu’il s’agit fondamentalement de l’histoire d’une mère cherchant à assurer la survie de sa famille.

Karoline Georges : La famille est importante dans son absence : la narratrice n’a pas de rapports familiaux ; elle est déconnectée du monde réel. Elle cherche à se plonger dans l’univers de la télévision ; elle vit isolée, si bien qu’elle n’a pas fait son apprentissage social.

Maude Deschênes-Pradet : Hivernages met l’accent sur les liens familiaux reconstruits, entre autres en mettant scène des personnages seuls qui se construisent une famille qu’ils ont eux-mêmes choisie.

Mathieu Villeneuve : La famille est problématique dans Borelium tremens. C’est l’histoire de l’héritage familial que l’auteur a récupéré de la vieille maison en ruine : on découvre alors l’arbre des ancêtres, découvrant notamment les germes de la folie dans la lignée. S’il s’agit d’une histoire basée sur du vrai, l’auteur admet avoir pris des libertés ; il estime d’ailleurs que l’on est plus libre dans son écriture de la famille que l’on ne connaît pas (ex. les ancêtres lointains).

Michèle Laframboise : Marilyn, l’héroïne, a été abandonnée par sa famille. Elle est d’abord une enfant obtenue à la carte, achetée par un père riche qui partira en voyages pour ne jamais revenir. Sa mère tentera de s’en occuper, mais son incapacité à payer mènera à la désintégration physique de la maison. Ensuite trouvée dans la rue, Marilyn sera vendue à la Ruche.

Relation à l’Histoire et au temps dans les œuvres finalistes

Karoline Georges : De synthèse se situe dans un futur proche, dans moins d’une décennie, soit juste assez d’années pour que les avatars 16K, des avatars incroyablement réalistes, soient possibles : elle prend des choses qui existent en ce moment à l’état embryonnaire pour les développer pleinement. À ce sujet, elle précise qu’elle a trouvé particulièrement difficile d’écrire un futur proche (par opposition à un futur lointain). Sinon, le contexte futuriste était nécessaire à l’auteure pour créer une frontière poreuse entre réel et virtuel afin de créer un environnement incitant à l’isolement.

Marilyne Fortin : L’auteure s’est inspirée de la crise du choléra en 2015. Le Potager ne se situe donc pas tant dans un futur proche que dans un présent alternatif, dans le sens où ce qui se produit dans le roman pourrait très bien arriver à l’instant même. D’autre part, on voit bien que l’auteure est une historienne à travers les capsules historiques au début des chapitres, tirées de la vraie histoire de l’humanité.

Maude Deschênes-Pradet : L’auteure n’a pas d’intention réaliste avec Hivernages ; la question du temps est donc évacuée. L’hiver éternel du roman pourrait très bien prendre place cet hiver ; il s’agit seulement d’un prétexte pour créer une solitude extrême, un contexte où les émotions sont ressenties plus fortement.

Mathieu Villeneuve : Le temps est disloqué dans Borealium tremens : d’une part, c’est une histoire d’ancêtres qui s’étale sur au moins 400 ans ; d’autre part, il s’agit d’un futur apocalyptique, celui des régions, celui que l’auteur a imaginé en se demandant ce qui se passerait si le Saguenay était annihilé.

Michèle Laframboise : La Ruche se situe dans un futur lointain, dans le même univers que l’on retrouve dans plusieurs des œuvres de science-fiction de l’auteure. Sinon, elle lit beaucoup de romans historiques, ce qui influence son travail.

Projets littéraires des finalistes

Karoline Georges : Elle est fascinée par les réacteurs nucléaires civils et le fait que nombreux d’entre eux sont dans un état déplorable. Son projet actuel tourne autour de ce sujet. Sinon, elle s’intéresse aussi à l’intelligence artificielle et au corps augmenté de demain.

Michèle Laframboise : Son 22ème livre est en cours d’écriture. Il s’agit d’un roman jeunesse de steampunk.

Mathieu Villeneuve : L’un de ses projets secondaires est un recueil de nouvelles. Sinon, son deuxième roman est un texte de science-fiction qui se situe au Saguenay, où le personnage de Jules Tremblay revient à la vie avec des pouvoirs.

Maude Deschênes-Pradet : Elle travaille sur son troisième roman, mais elle n’a pas encore une idée claire de ce qu’il sera. Elle est à l’étape où elle jette presque autant qu’elle écrit. Elle a précisé, sans s’expliquer, qu’il s’agissait d’une « histoire de chats ».

Marilyne Fortin : Elle travaille en ce moment sur le plan de son troisième roman. Il s’agit d’un suspense fantastique. Elle a écrit une quarantaine de pages à l’heure actuelle.

Les finalistes ont-ils été surpris par leur nomination? Étaient-ils étonnés que leur roman soit considéré comme une œuvre appartenant aux littératures de l’imaginaire?

Marilyne Fortin : Elle était surprise de sa nomination. Cela a rappelé le livre à son esprit.

Michèle Laframboise : Agréablement surprise, puisque ça faisait un certain temps qu’elle n’avait pas été nominée pour un de ses romans.

Karoline Georges : Elle était contente. Elle n’a pas reçu tant de nominations en 17 ans de publication. Elle n’a cependant pas été surprise que son roman soit considéré comme de la SFFQ. Personnellement, elle n’aime pas les étiquettes ; elle aime jouer avec les genres.

Maude Deschênes-Pradet : Sa nomination lui a fait découvrir Horizons imaginaires, dont elle apprécie la volonté de décloisonner les publics. Elle est heureuse que les étiquettes de genre soient moins rigides qu’auparavant et qu’il y ait de plus en plus de mélange entre les genres.

Mathieu Villeneuve : Il a été très surpris, puisqu’il croyait que son roman était éligible pour l’édition précédente du prix. Il apprécie que la nomination de son livre permette à celui-ci de « vivre » plus longtemps.

Rendez-vous au Congrès Boréal

J’espère que ce court résumé de la rencontre avec les finalistes du Prix des Horizons imaginaires 2019 ayant eu lieu au Salon du livre de Montréal 2018 vous aura convaincu – si vous ne l’étiez pas déjà – de lire Hivernages de Maude Deschênes-Pradet ; Le Potager de Marilyne Fortin ; De synthèse de Karoline Georges ; La Ruche de Michèle Laframboise ; et Borealium tremens de Mathieu Villeneuve. Le gagnant du prix sera révélé au Congrès Boréal qui aura lieu à Sherbrooke du 3 au 5 mai 2019. Cela vous laisse suffisamment de temps pour dévorer tous les romans finalistes.


[1] DESCHÊNES-PRADET, Maude, Hivernages, Montréal, Éditions XYZ, coll. « Romanichels », 2017, 192 p.

[2] FORTIN, Marilyne, Le Potager, Montréal, Québec Amérique, 2017, 344 p.

[3] GEORGES, Karoline, De synthèse, Québec, Alto, 2017, 207 p.

[4] LAFRAMBOISE, Michèle, La Ruche, Sherbrooke, Les Six Brumes, coll. « Six Brumes », 2018, 122 p.

[5] VILLENEUVE, Mathieu, Borealium tremens, Saguenay, La Peuplade, 2017, 366 p.

[6] Ariane Gélinas est une auteure québécoise très impliquée dans le milieu des littératures de l’imaginaire. Elle est directrice littéraire de la revue Le Sabord ainsi que directrice artistique, coéditrice et codirectrice littéraire de la revue de SFFQ Brins d’éternité. Son dernier roman, Les cendres de Sedna, est paru chez Alire en 2016.

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