Couverture Les Leçons de la cruauté

Avis lecture : Les Leçons de la cruauté, Laurent McAllister

Les Leçons de la cruauté est un recueil de nouvelles de Laurent McAllister, c’est-à-dire Yves Meynard et Jean-Louis Trudel. Il est paru en 2009 aux éditions Alire.

Valyr fixa le soleil, ses cornées s’adaptant aussitôt en s’obscurcissant. Il n’y avait pas un nuage pour voiler l’éclat intense de Donnez-Lui-Un-Nom. La mer, mitraillée par les rayons du soleil, était rouge comme du vieux sang, ensanglantée par une soupe de microbes qui pouvaient tuer en cinq minutes si on avait le malheur d’en avaler plus d’une gorgée…

Kapuzine et les Loups : une légende dorée

Ici, on a droit à un court récit à l’univers très intéressant. En effet, on aimerait en savoir davantage sur ce monde où la verdure est répugnée par certains, alors que les ruines et le béton sont la beauté même à leurs yeux.

Sinon, il faut noter que la nouvelle est une sorte d’adaptation futuriste du Petit Chaperon rouge. Ainsi, une petite fille (Kapuzine), avec l’excuse de se rendre chez sa grand-mère (munie d’un panier de victuailles bien sûr), cherche à rejoindre les Bûcherons, une organisation qui combat le régime des Loups.

Plein de belles images, Kapuzine et les Loups : une légende dorée est une réussite, avec une fin attendue, mais néanmoins touchante.

Le pierrot diffracté

Une réalité beaucoup plus dure, plus cruelle que celle de Kapuzine, car moins fantasmée, moins hypothétique. En effet, même si notre monde est encore loin de l’image qu’en présente McAllister dans son futur, il n’en demeure pas moins possible en quelques sortes.

La véritable force du récit réside dans l’escalade de sa cruauté. Ainsi, le tout est orchestré avec brio, l’univers dépeint dévoilant toute son atrocité par petites touches jusqu’à atteindre son paroxysme.

Encore meilleure que Kapuzine, cette histoire frappe là où ça fait mal, juste comme il faut.

En sol brûlant

Un univers qui mérite le coup d’œil encore une fois, mais trop classique pour complètement emporter ma faveur. Il en va de même pour les autres aspects de l’histoire. Tout a de l’intérêt, mais il manque un petit quelque chose. Le récit le moins puissant du recueil selon moi, mais étant donné la qualité de ce dernier, ce n’est rien de très grave.

Le Cas du feuilleton De Québec à la Lune, par Veritatus

Un petit morceau de (fausse) histoire de la SF québécoise qui n’est pas inintéressant, mais qui détonne avec le reste du recueil. L’intérêt du texte réside dans sa forme: un faux article SF qui mimique bien le style vieillot. L’ironie repose sur le fait que le pseudo-article se présente comme écrit par Veritatus (vérité) alors qu’il s’agit d’un mensonge d’un bout à l’autre.

Sur la plage des épaves

Une histoire tout à fait différente des précédentes, qui n’a rien de la violence de Kapuzine, Le Pierrot ou Sol brûlant mais qui n’en demeure pas moins cruelle, sinon davantage.

Outre notre curiosité pour l’évolution constante de la colonie en elle-même, on sera touché par l’atmosphère mélancolique qui baigne le tout; touché par l’aveuglement de la Première Génération qui cache leur désespoir derrière leur ardeur au travail; touché par le destin qui n’a rien de bon à leur offrir pour le futur; touché par la fin si abominablement logique.

De la « science-fiction lyrique »

En conclusion, un recueil excellent, qui donne envie de lire davantage de nouvelles. Le style d’écriture de Laurent McAllister, parfait pour ce que j’appelle de la « science-fiction lyrique », est d’un esthétisme terriblement efficace.

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