Après mes idées cadeaux lecture pour le genre de la fantasy, voici mes recommandations pour la science-fiction.
Quel livre de science-fiction offrir à un enfant/pré-adolescent?
Bien que je considère The House of the Scorpion [avis lecture] de Nancy Farmer comme légèrement supérieur, il est moins abordable et plus difficile à trouver en français. Pour cette raison, je vous conseille Les voleurs d’espoir [avis lecture], puisque le roman d’André Marois me semble plus approprié à un jeune public. De plus, si vous aimez le roman, sachez qu’il s’agit du premier tome d’une série appelée Les voleurs.
Québec, 2024. Dehors, c’est l’hiver perpétuel. Le froid et la glace recouvrent tout le pays. La grande stérilité a frappé la population. Aucune naissance depuis 14 ans ; le peuple québécois ne se régénère plus. Hugo, le dernier-né des Québécois, est le symbole de la nation. Au coeur de ce labyrinthe virtuel, l’adolescent impétueux espionne les autorités et fera d’horribles découvertes…
Quel livre offrir à quelqu’un que vous souhaitez initié doucement à la science-fiction?

Station Eleven d’Emily St. John Mandel peut techniquement être qualifié de récit post-apocalyptique, mais le roman ne se lit pas comme un livre de science-fiction typique. Avec une écriture atmosphérique, j’ai l’impression que ce texte pourra être également apprécié par les lecteurs de littérature générale ou de contemporain.
Les éditions Alto ont publié la version française du roman.
Le premier jour
Éclosion de la grippe géorgienne. On estime qu’elle pourrait contaminer 99% de la population.
Deux semaines plus tard
La civilisation s’est effondrée.
Vingt ans après
Une troupe présente des concerts et des pièces de théâtre aux communautés regroupées dans des campements de fortune. La vie semble de nouveau possible. Mais l’obscurantisme guette, menaçant les rêves et les espérances des survivants.
Quel livre offrir à celui ou celle qui n’aime pas la SF parce qu’il ou elle croit que la science-fiction se résume à Star Wars et au space opera?
Sur Anarres, les proscrits d’Urras ont édifié, il y a cent soixante-dix ans, une utopie concrète fondée sur la liberté absolue des personnes et la coopération.
Ce n’est pas un paradis, car Anarres est un monde pauvre et dur. Mais cela fonctionne. A l’abri d’un isolationnisme impitoyable qui menace maintenant la société anarchiste d’Anarres de sclérose. Pour le physicien anarresti Shevek, la question est simple et terrible. Parviendra-t-il, en se rendant d’Anarres sur Urras, à renverser le mur symbolique qui isole Anarres du reste du monde ? Pourra-t-il faire partager aux habitants d’Urras la promesse dont il est porteur, celle de la liberté vraie ? Que découvrira-t-il enfin sur ce monde d’où sont venus ses ancêtres et que la tradition anarrestie décrit comme un enfer ?
![LE GUIN, Ursula, The Dispossessed (Hainish Cycle, 6), New York, Olive Edition, 2015 [1974], 386 p.](https://i0.wp.com/lilitherature.com/wp-content/uploads/2018/12/TheDispossessed.jpg?resize=300%2C475&ssl=1)
Les dépossédés (en version originale, The Dispossessed) [avis lecture] d’Ursula Le Guin met en scène un monde communiste qui, sans être parfait, est parvenu à faire fonctionner ce modèle. Le tout est mis en contraste avec un monde capitaliste qui, sans avoir complètement échoué à ce jour, semble incapable de subvenir aux besoins de ses citoyens. Une réflexion sociologique intéressante pour ceux et celles que pensent à tort que la science-fiction est nécessairement superficielle. De plus, on y lit des passages comme celui-ci :
…et une troisième pièce, qui contenait une baignoire, un lavabo et un sanitaire élaboré. Cette pièce était visiblement réservée à son seul usage, puisqu’elle donnait dans sa chambre, et ne renfermait qu’un élément de chaque genre, bien que chacun fût d’un luxe sensuel qui dépassait de loin l’érotisme simple et participait, dans l’esprit de Shevek, à une sorte d’apothéose ultime de l’excrément. […] Mais que devenait la merde? Il rumina ce problème, s’agenouillant à côté de la cuvette après avoir étudié son mécanisme. Ils devaient la filtrer de l’eau dans une usine d’engrais. Il y avait des communautés littorales sur Anarres qui utilisaient un tel système pour la récupération.
Quel livre de science-fiction offrir à celui ou celle qui se désespère de l’humanité?
Le goût de l’immortalité [avis lecture] de l’auteure française Catherine Dufour ne vous apportera aucun réconfort, mais il vous confortera dans votre manque de foi en l’humanité. Cette dystopie lauréate de nombreux prix est aussi magnifiquement écrite qu’incroyablement sombre.
Mandchourie, an 2113. La ville de Ha Rebin dresse ses tours de huit kilomètres dans un ciel jaune de toxines. Sous ses fondations grouille la multitude des damnés, tout autour s’étendent les plaines défoliées de la Chine.
Le brillant cmatic est mandaté par une transnationale pour enquêter sur trois nouveaux cas d’une maladie que l’on croyait éradiquée depuis un siècle. Ses recherches le mènent à Ha Rebin, où il rencontre une adolescente étrange. Avec elle, il va tenter de mener à bien sa mission dans un monde qui s’affole : décadence américaine, pandémie sanglante, massacres génétiques, conquête planétaire et montée de l’extrémisme vaudou.
Et affronter le rêve le plus fou de l’humanité : l’immortalité, ou ce qui y ressemble…
Combien d’entre nous sont vraiment assez sages pour souhaiter échapper à la grande roue ?
La vie est une drogue terrible.
Quel livre de science-fiction offrir à celui qui a tout lu dans le genre?
Bien que certains littéraires voudront le nier, Des anges mineurs [avis lecture] d’Antoine Volodine appartient bel et bien au genre de la science-fiction[1]. Toutefois, ce livre n’a rien à voir avec la science-fiction conventionnelle : l’auteur met en scène la fin des temps en en brouillant les repères temporels, ce qui en fait un récit fragmenté, étrange.
J’appelle narrats des textes post-exotiques à cent pour cent, j’appelle narrats des instantanés romanesques qui fixent une situation, des émotions, un conflit vibrant entre mémoire et réalité, entre imaginaire et souvenir. C’est une séquence poétique à partir de quoi toute rêverie est possible, pour les interprètes de l’action comme pour les lecteurs. On trouvera ici quarante-neuf de ces moments de prose. Dans chacun d’eux, comme sur une photographie légèrement truquée, on pourra percevoir la trace laissée par un ange. Les anges ici sont insignifiants et ils ne sont d’aucun secours pour les personnages. J’appelle ici narrats quarante-neuf images organisées sur quoi dans leur errance s’arrètent mes gueux et mes animaux préférés, ainsi que quelques vieilles immortelles. Parmi celles-ci, une au moins a été ma grand-mère. Car il s’agit aussi de minuscules territoires d’exil sur quoi continuent à exister vaille que vaille ceux dont je me souviens et ceux que j’aime. J’appelle narrats de brèves pièces musicales dont la musique est la principale raison d’être, mais aussi où ceux que j’aime peuvent se reposer un instant, avant de reprendre leur progression vers le rien.
Quel livre offrir au bon vieil amateur de science-fiction?
Le Jeu du Démiurge de l’auteur québécois Philippe-Aubert Côté n’est pas le roman de science-fiction avec la prémisse la plus originale, mais il livre la marchandise sur tous les points : le livre est bien écrit, les personnages sont intéressants, l’univers est bien développé. L’auteur parvient à trouver le parfait équilibre entre tous les éléments de sorte que tout fonctionne parfaitement. Un roman 5 étoiles!
2901 – Calendrier universel terrestre
Les Éridanis, lointains descendants hermaphrodites des humains, ont entrepris de coloniser la Voie lactée en s’établissant de planète en planète. À bord du Lemnoth, ces posthumains de chair et de métal s’apprêtent à accomplir un nouveau saut interstellaire afin de fonder une autre colonie sur Selckin-2. Parmi eux, Nemrick, de la caste des Ludis, qui a intégré la mission afin de suivre l’amour de sa vie, le Techno Rumack, qui rêve de créer un milieu de vie idéal pour leurs descendants…
3045 – Calendrier universel terrestre
Plus d’un siècle après l’arrivée des Éridanis, de nombreuses cités s’éparpillent sur Selckin-2. Elles sont habitées par les Mikaïs, une race à mi-chemin entre homo habilis et homo sapienscréée par Rumack. Ce sont eux qui ont construit les prodigieux édifices de ces villes pourtant prévues pour des Éridanis.
Takeo habite Nagack, la somptueuse ville qui s’élève sur le flanc du mont Lemnoth. Comme ses congénères, il vénère les « Maîtres », mais ne s’en inquiète pas moins de la progression du Mal de Rumack qui les condamne à sombrer dans la sauvagerie s’ils ne reçoivent pas l’aide des arbres-machines. Pendant que des rumeurs de guerre se propagent dans la ville, Takeo cherche à sauver son grand-père de la régression. Mais une rencontre fortuite avec le fantôme de Rumack fera de lui la pièce maîtresse d’un jeu qui a débuté bien avant sa naissance, celui du Démiurge !
Et vous, quels autres livres de science-fiction offririez-vous en cadeau?
[1] Voir mon article intitulé « La fin des temps dans la science-fiction: Le temps de la fin dans Des anges mineurs d’Antoine Volodine et Merlin l’ange chanteur de Catherine Dufour » pour plus de détails à ce sujet.