SWIFT, Jonathan, A Modest Proposal, 1729. Avis lecture au goodreads.com/lilitherature/.

Idées cadeaux lecture : Quel livre offrir selon le genre?

Vous trouverez ci-dessous des recommandations lecture (et donc idées cadeaux) pour plusieurs différents genres – à l’exclusion de la fantasy et la science-fiction, qui ont chacun leur propre article.

Quel recueil de poésie offrir à celui ou celle qui n’en lit pas parce qu’il ou elle a peur de ne rien comprendre?

Quoique Manuel de poétique à l’intention des jeunes filles [avis lecture] de Carole David soit un recueil de poésie féministe, le propos et l’écriture n’en est pas radicale/agressive, si bien que les hommes comme les femmes peuvent le lire. De plus, il ne s’agit pas d’une poésie complètement opaque, ce qui en fait une bonne initiation au genre. Vous ne ressortirez pas de votre lecture avec l’impression de n’avoir rien compris.

DAVID, Carole, Manuel de poétique à l’intention des jeunes filles, Montréal, Les Herbes rouges, 2010, 84 p.
DAVID, Carole, Manuel de poétique à l’intention des jeunes filles, Montréal, Les Herbes rouges, 2010, 84 p.

En lisant, en vivant, des images apparaissent et disparaissent; on entend des voix, on s’en remet à elles; certaines sont là depuis l’enfance et l’adolescence, d’autres ont surgi dans des moments de bonheur, mais aussi dans des moments où, désespéré, on cherche un ailleurs dans les mots.

En lisant, en écrivant, icônes, études, méditations sont la somme personnelle de l’expérience de la lecture, de la possibilité de rêver et de se forger sa propre image du monde.

Lus, écrits, seule et en silence, fort et devant public, les poèmes de ce manuel célèbrent les figures mythiques et tutélaires penchées sur le berceau des petites filles. De l’espace domestique à l’espace de l’écriture, ces voix se conjuguent en une seule.

Quelle pièce de théâtre offrir à une personne qui préfère les romans?

MOUAWAD, Wajdi, Incendies (Le sang des promesses, 2), Montréal, Leméac/Actes Sud, coll. « Babel », 2011.
MOUAWAD, Wajdi, Incendies (Le sang des promesses, 2), Montréal, Leméac/Actes Sud, coll. « Babel », 2011.

Si j’ai choisi Incendies [avis lecture] [analyse dramaturgique] de Wajdi Mouawad, ce n’est pas seulement parce qu’il s’agit de ma pièce de théâtre favorite à ce jour. Avec son écriture magnifique, ses thèmes universels et ses personnages complexes, le texte a tous les éléments nécessaires pour plaire à ceux qui préfèrent généralement lire des romans.

Au début de l’histoire, la mort d’une femme qui, il y a longtemps déjà, a décidé de se taire. Elle adresse ses dernières volontés aux jumeaux Jeanne et Simon, ses enfants. C’est le début d’un périple lourd de révélations sur leur identité.

Quel livre de non-fiction offrir à celui ou celle qui ne lit normalement que des fictions?

Selon moi, si beaucoup de gens disent ne pas aimer la non-fiction, c’est que l’écriture de nombreux de ces ouvrages est tout simplement sans saveur, voire carrément médiocre. C’est pourquoi je recommande Ce qui restera [avis lecture] de Catherine Mavrikakis, qui est bien écrit et se lit comme un roman malgré sa nature autobiographique. Certains pourraient arguer qu’il ne s’agit pas tout à fait d’une non-fiction, mais plutôt d’une autofiction (?). Bien qu’ils n’aient pas complètement tort, je leur répondrai que l’impossibilité de bien définir le genre du texte est ce qui en fait la force. Je m’explique plus à ce sujet dans mon avis lecture sur le livre.

Book Review: Ce qui restera, Catherine Mavrikakis
MAVRIKAKIS, Catherine, Ce qui restera, Montréal, Québec Amérique, coll. « III », 2017, 130 p.

Une méchante fée se serait-elle penchée sur son berceau ? Catherine Mavrikakis cherche à contrer le mauvais sort que les membres de sa lignée lui ont lancé. Elle n’est pas morte à 36 ans comme sa grand-mère dont elle a hérité le prénom et comme son père le lui avait prédit. Mais à quel prix ? Qu‘a-t-elle sacrifié ? Quel rêve a-t-elle dû assassiner ? À travers ses souvenirs, Catherine comprend l’importance dans son entourage de présences féminines souvent tragiques. Ce sont ces femmes qui lui ont permis d’exister. Elle retrouve alors la petite fille aventureuse et terrorisée, fragile et puissante, désespérée et pleine de vie qu’elle a été. Comment vit-on en ne se soumettant pas à l’avenir que d’autres ont écrit pour soi? Que doivent inventer celles à qui on a dessiné un avenir? L’écriture sait-elle mettre fin au ressassement des souvenirs qui entravent le futur? Protège-t-elle contre les malédictions de toutes sortes ? Que reste-t-il de celle que Catherine n’a pas voulu être ?

Quel recueil de nouvelles offrir à celui ou celle qui trouve toujours ces textes trop courts pour être satisfaisant?

LIU, Ken, The Paper Menagerie and Other Stories, Saga Press, 2016, 450 p.
LIU, Ken, The Paper Menagerie and Other Stories, Saga Press, 2016, 450 p.

The Paper Menagerie and Other Stories [avis lecture] de Ken Liu est un recueil versatile qui peut plaire autant aux amateurs des littératures de l’imaginaire qu’à ceux qui préfèrent une prémisse plus « réaliste ». Avec des textes de fantasy, de science-fiction, de réalisme magique, des textes plus historiques et d’autres au décor moderne, l’ouvrage a un peu de tout pour tout le monde. Magnifiquement écrit, l’auteur chinois-américain est parvenu à me faire pleurer avec The Literomancer et sa fin absolument déchirante alors que je ne pleure jamais. Enfin, The Paper Menagerie est aussi l’occasion de découvrir un peu plus les mythes et le folklore de l’Est pour changer.

En français, La Ménagerie de papier est parue chez Le Bélial en 2015, mais il faut noter que le livre n’a pas tous les mêmes textes à son sommaire que la version anglaise.

LIU, Ken, La Ménagerie de papier, Saint Mammès, Le Bélial, coll. « Quarante-Deux », 2015, 448 p.
LIU, Ken, La Ménagerie de papier, Saint Mammès, Le Bélial, coll. « Quarante-Deux », 2015, 448 p.

Elle plaque la feuille sur la table, face vierge exposée, et la plie. Intrigué, j’arrête de pleurer pour l’observer. Ma mère retourne le papier et le plie de nouveau, avant de le border, de le plisser, de le rouler et de le tordre jusqu’à ce qu’il disparaisse entre ses mains en coupe. Puis elle porte ce petit paquet à sa bouche et y souffle comme dans un ballon.

“Kan, dit-elle. Laohu.” Elle pose les mains sur la table, puis elle les écarte.

Un tigre se dresse là, gros comme deux poings réunis. Son pelage arbore le motif du papier, sucres d’orge rouges et sapins de Noël sur fond blanc.

J’effleure ce qu’a créé Maman. Sa queue bat et il se jette, joueur, sur mon doigt…

Quel livre contemporain offrir à celui ou celle qui ne lit typiquement que des classiques?

Le ciel de Bay City [avis lecture] de Catherine Mavrikakis est, je crois, le roman le mieux connu de l’auteure québécoise. Il s’agit d’un texte contemporain qui se permet l’inclusion d’éléments surnaturels sans se soucier des préjugés envers la littérature de genre. Le tout est rehaussé par un style d’écriture magnifique, lyrique sans trop en faire. Déjà communément enseigné à l’Université, le roman est déjà une œuvre culte, qui rejoindra sans doute les classiques de la littérature québécoise.

MAVRIKAKIS, Catherine, Le ciel de Bay City, Montréal, Héliotrope, 2008, 294 p.
MAVRIKAKIS, Catherine, Le ciel de Bay City, Montréal, Héliotrope, 2008, 294 p.

1960. Cette année-là, une maison de tôle est livrée au bout de Veronica Lane à Bay City. Une famille s’y installe. Deux soeurs, Denise et Babette, vont donner tour à tour naissance à de petits Américains. Elles ont quitté l’Europe et la dévastation de la guerre pour l’Amérique. L’avenir paraît alors appartenir à ce continent où tout est plus gai, plus neuf.

Mais l’Histoire ne se laisse pas mettre de côté. Amy, la fille de Denise, est hantée par les morts et va faire une étrange découverte dans le sous-sol de la petite maison de tôle.

Quel livre classique offrir à quelqu’un qui pense que tous les classiques de la littérature sont soporifiques?

A Modest Proposal [avis lecture] de Jonathan Swift est paru pour la première fois en 1729. L’auteur critique ici de façon acerbe l’opinion publique de l’époque sur la pauvreté en proposant des solutions complètement démentes au problème, ce qui est hilarant. Personne ne peut s’endormir en lisant ce court texte à la satire cinglante.

Un jeune américain de ma connaissance, homme très-entendu, m’a certifié à Londres qu’un jeune enfant bien sain, bien nourri, est, à l’âge d’un an, un aliment délicieux, très-nourrissant et très-sain, bouilli, rôti, à l’étuvée ou au four, et je ne mets pas en doute qu’il ne puisse également servir en fricassée ou en ragoût.

La traduction française est tout aussi drôle et le texte est facile à trouver gratuitement sur Internet (en anglais et français) puisqu’il est libre de droit.

Quels livres recommanderiez-vous? Pourquoi? À quel type de lecteur?

2 commentaires

Laisser un commentaire