Couverture Flyona

Avis lecture : Flyona, Caroline Lacroix

Un texte court, mais trop long?

Flyona de Caroline Lacroix est une novella de science-fiction qui ne souffre pas tant d’être trop courte que de ne pas être suffisamment resserrée. Plus un texte est court et plus l’idée que « chaque mot compte » se confirme. Il est alors important d’aller droit au but et de couper dans le gras. Pourtant, l’auteure, au lieu d’installer son univers et son protagoniste une fois pour toute, nous rappelle constamment, par exemple, que Niklas a été élevé dans un univers contrôlé (par opposition à un monde naturel). Je sais que le fait qu’il est « sans racine » est importante à l’histoire, mais ce n’est pas tant ce qui ressort de cette insistance. Ce genre de rappels est nécessaire dans un roman, en raison de la longueur du récit, mais est absolument superflu dans une novella : au contraire, le tout apparaît comme inutilement répétitif.

Des répétitions rendues évidentes par la brièveté du texte

Un autre aspect répétitif du texte – cette-fois-ci mineur mais qui selon moi n’aurait pas dû persister après correction et édition du texte – concerne l’emploi constant de certains mots. Cela n’est pas trop généralisé, et il ne s’agirait même pas d’un problème si le texte n’était pas aussi court. Toutefois, la novella, de par sa nature même, est courte, et donc les répétitions sautent aux yeux et sont plus difficiles à pardonner. Deux occurrences m’ont marqué :

  • La reprise du nom/verbe« ravage » : deux fois dans les premières pages, puis une troisième fois un peu plus loin (mais pas si loin). Si l’idée de ravage avait été importante ultérieurement en ce qui concerne l’histoire, j’aurais compris, mais il ne s’agit pas du récit de l’homme contre la nature au final.

– Je fais partie de la prochaine équipe qui vient ravager un des coins de la forêt.

La gravité l’affectait et l’alcool, inconnu de son foie, avait fait des ravages.

On raconte qu’il y a fort longtemps, les habitants auraient ravagé le monde.

  • L’auteure réfère constamment à la planète en tant que « caillou ». Et cela ne peut pas être attribué à un « tic » langagier du protagoniste, puisque même Flyona utilise l’expression. Il me semble que l’auteure aurait pu varier : planète, bout de terre, etc.

Des dialogues non naturels

Si je n’ai pas été particulièrement impressionnée par le style d’écriture, le tout se lit bien. Cependant, certains dialogues ne sonnent pas très naturels. Par exemple :

– Imagine l’antithèse de cet endroit, dit-il [Niklas] avec un sourire navré.

Je suis une littéraire et le terme « antithèse » ne me vient pas naturellement dans une conversation. Mais la phrase est d’autant moins crédible venant du protagoniste, décrit comme un héros de science-fiction plutôt typique qui ne semble pas spécialement enclin à la lecture.

Plus de world-building, moins du héros

Ma prochaine réserve est personnelle et ne peut être reprochée au texte : j’aurais préféré que la novella se concentre sur l’univers plutôt que sur le protagoniste. Non seulement mon cœur va avant tout au world-building, mais en plus Niklas est un personnage peu original et donc inintéressant de mon avis. J’aurais aimé plus d’incidents avec la végétation, que l’auteure joue davantage avec le mystère qui l’entoure, etc.

Une novella qui aurait pu facilement être meilleure

J’ai conscience que mon avis lecture peut sembler très critique, mais Flyona de Caroline Lacroix n’est pas horrible – le texte se lit bien et vite. J’y vois surtout une novella qui aurait pu facilement être meilleure avec un travail de réécriture/d’édition plus serré.

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Couverture Flyona
LACROIX, Caroline, Flyona, Sherbrooke, Les Six Brumes, coll. « Nova », 2011, 60 p.

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