Le Prince rebelle, deuxième tome de la trilogie de fantasy Chrysanthe de l’auteur québécois Yves Meynard, reprend exactement où La Princesse perdue nous avait laissé.
Quentin avait oublié une bonne partie du protocole qu’il avait mémorisé une décennie plus tôt, et dans ses voyages il avait appris une telle quantité de coutumes imaginaires que pendant un long moment il ne sut plus s’il devait se mortifier à plat ventre, jeter une pincée de cendres par-dessus son épaule gauche, ou se couvrir le visage et ululer son respect.
p. 3
Chrysanthe, un univers de fantasy original
Alors que le premier tome se déroulait dans les mondes factices, ce livre-ci nous présente le « monde réel », c’est-à-dire Chrysanthe. C’est donc l’occasion pour l’auteur de nous dépeindre un tout nouvel univers malgré le fait qu’il s’agisse du second tome dans une série. Et si cet univers est très différent de celui des mondes factices, il n’est assurément pas moins original. De prime abord, Chrysanthe semble être un monde de fantasy typique, puis on découvre qu’il est régi par des lois tout à fait inédites. Je ne peux évidemment dire lesquelles sans vous priver de la découverte, mais il s’agit sans aucun doute de l’aspect que j’ai préféré du roman.
Des personnages multidimensionnels
Le roman passe beaucoup de temps à approfondir ses personnages. Christine d’abord, puis Quentin, que l’on ne connaissait jusqu’à maintenant que par le point de vue de l’héroïne. La jeune fille offre par ailleurs une perspective extérieure intéressante sur le monde de Chrysanthe. Le lecteur se débat mentalement pour comprendre les étranges lois de cet univers en même que Christine, ce qui permet de s’y identifier d’autant plus. Qui plus est, cela permet à Meynard d’employer – quand il écrit dans la perspective de Christine et parfois de Quentin – un vocabulaire plus familier au lecteur.
Jupe violet sombre, corsage vieux rose ; il lui semblait se souvenir d’une princesse de dessins animés qui portait quelque chose de similaire. Un chapeau complétait le costume ; ne manquait que la dernière étape, d’être réduite à deux dimensions, à de simples lignes et à-plats de couleur sur des feuilles de celluloïd, toute sa vie découpée en une série d’images fixes qui donneraient l’illusion du mouvement et de la vie.
p. 180
Mise à part les héros, j’ai été agréablement surprise par le soin accordé aux antagonistes. Leur psychologie et leurs motivations sont explorées juste assez pour attirer la compassion, ou à tout le moins la compréhension, du lecteur. J’ai particulièrement apprécié les passages dédiés à Mathellin et à Vaurd.
il [Mathellin] avait recommencé à pleurer du sang. Il était encore fragile, un jouet brisé maladroitement réparé.
p. 216
Un livre transitoire
Le Prince rebelle souffre un peu d’être un deuxième tome dans une trilogie planifiée d’abord et avant tout comme un seul gros volume. Qu’est-ce que j’entends par là? Tout simplement que le livre n’a pas vraiment d’intrigue en soi. Il s’agit d’un roman préparant le terrain pour le tome à venir. On passe beaucoup de temps sur le développement des personnages et l’univers tout en plantant des éléments qui, j’imagine, se révéleront pertinents dans le prochain livre.
Un second tome qui nous laisse sur notre faim
Si Chrysanthe 2. Le Prince rebelle n’est pas un coup de cœur définitif comme La Princesse perdue, notamment parce qu’il lui manque une intrigue à part entière, je l’ai néanmoins énormément apprécié (comme le montre la note que je lui ai donné). Avec des personnages complexes et un univers inusité, ce second tome nous laisse un peu sur notre faim, ce qui ne nous donne que plus envie de découvrir la suite.
Dans ses atours princiers, elle n’était plus la jeune femme qu’il avait secourue, mais plutôt l’incarnation d’une idée abstraite : l’héritière du trône de Chrysanthe.
p. 187
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