COLIN, Fabrice, À vos souhaits, Paris, Bragelonne, 2010 [2000], 336 p.

Extrait : le roman de fantasy humoristique À vos souhaits de Fabrice Colin

À vos souhaits de Fabrice Colin

COLIN, Fabrice, À vos souhaits, Paris, Bragelonne, 2010 [2000], 336 p.
COLIN, Fabrice, À vos souhaits, Paris, Bragelonne, 2010 [2000], 336 p.

Tout le monde connaît Newdon, la fabuleuse cité où se côtoient humains et créatures enchantées. Mais connaissez-vous John Moon ? Il est l’entraîneur d’une équipe d’ogres complètement abrutis, derniers de leur championnat. Et Vaughan, l’elfe qui vient de tripler sa première année d’École de Magie ? Ou encore Gloïn MacCough, le nain qui fait faner les fleurs rien qu’en les regardant ? Alors que ce trio pathétique est réuni devant quelques pintes au pub du coin, le Diable arrive en ville, à la recherche d’une clé qui permettrait d’ouvrir les portes des enfers. Et le destin moqueur a jeté son dévolu sur nos amis pour déjouer ses plans…

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L’extrait du roman

et l’eau du ciel tombait comme une chanson.

Il bruinait comme jamais sur Phœnix Park et sur l’île aux pélicans où les grands oiseaux parlants retranchés sous les saules pleureurs devisaient en secret, leurs ailes duveteuses repliées dans la froidure.

Il pleuvait à verse sur Strawberry Circus, où le manège pour enfants tournait à vide depuis plusieurs jours, et quelques bonnes mal fagotées, tirant des poussettes soudain trop lourdes, s’arrêtaient un instant devant les fiers chevaux de bois qui tournaient et tournaient pour personne.

Il ruisselait en abondance sur les mégalodons luisants de Graymercy Square, stoïques dans leur mélancolie de bronze, sur la statue de l’astronome, et sur les lourds dragons de la City chargés de garder les portes antiques et qui n’avaient plus bougé depuis des siècles. Il tombait des cordes sur les hauteurs, nuages déchirés flottant dans les collines, et sur le cimetière de Veryhighgate, sombres allées, imaginais-je, où même les morts-vivants ne s’aventuraient qu’à tâtons, préférant aux bourrasques ingrates des allées le confort moussu de leurs cryptes séculaires.

Il pleuvait sur les boutiques du Pont de la Tour et sur les gnomes effarés qui recalculaient pour la énième dois leur chiffre d’affaires de la semaine, et songeaient à la mort. Il pleuvait sur les licornes du zoo royal, sur les grands stades de Quartek ouverts à tous les vents, sur les hauts parcs déserts plantés d’érables et de noyers, sur les bas quartiers et sur les demeures bourgeoises, dans les ruelles et les alcôves, il pleuvait sur les ogres mendiants, sur les gobelins asthmatiques, sur les belles elfes égarées, sur les dragons domestiques, il pleuvait sur les duels, sur les étreintes et sur les fuites, sur les espoirs et les amours, et les cloches de Newdon égrenaient patiemment ces heures de pluie sans fin.

p. 21

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