Le Songe d’une nuit d’octobre de Roger Zelazny
Octobre. Dans 31 jours, le portail s’ouvrira et les Grands Anciens déferleront sur le monde
Dracula, Sherlock Holmes, Raspoutine, le docteur Frankenstein… Ils seront tous là. Mais feront-ils partie des ouvreurs avides de pouvoir, ou seront-ils des fermeurs qui s’opposeront aux horreurs indicibles ?
Les familiers de ces personnages seront eux aussi impliqués dans cette murder party ésotérique riche en rebondissements. Tout particulièrement Snuff, un chien dont le maître, Jack, aime se promener la nuit dans Londres avec son grand couteau…
Le Jeu va commencer.
Quel sera votre camp ?
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L’extrait du roman
— Bon Dieu ! J’ai besoin d’un fémur gauche et celui-ci n’en a pas !
— Un fémur gauche, vous dites ? répondit une voix rocailleuse qui pouvait fort bien être celle d’Owen. J’en ai un ici qui ne me sert à rien. Auriez-vous un foie, par hasard ? C’est ce que je cherche.
— Facile ! Attendez un peu. Voilà. On fait un marché ?
— Tope là. Attrapez !
Quelque chose fendit l’air et roula au bas de la pente.
— Merci, ça me convient. Voilà votre foie !
J’entendis un floc en amont et un : « Bien reçu ! Merci ! »
— Eh ! cria une voix féminine venant de la gauche. Pendant que vous y êtes, z’auriez pas un crâne ?
— Mais comment donc ! dit le second homme. Qu’est-ce que vous me donnez en échange ?
— Vous avez besoin de quoi ?
— De phalanges !
— J’ai ! Je vais vous les attacher ensemble avec de la ficelle.
— Voilà votre crâne !
— Bien reçu ! Je vous envoie votre paquet tout de suite !
— Quelqu’un aurait-il les vertèbres brisées d’un pendu ? demanda une voix avec un accent hongrois, quelque part sur la droite.
Un silence d’une minute s’ensuivit, puis :
— J’en ai quelques-unes écrasées ici. Je ne sais pas pourquoi elles sont dans cet état.
— Ça fera peut-être l’affaire. Envoyez, s’il vous plaît !
Quelque chose de blanchâtre traversa le ciel nocturne.
— Oui. Elles pourront me servir. Que voulez-vous en échange ?
— Cadeau de la maison ! J’ai tout ce qu’il me faut ! Bonne nuit !
Bruit de pas s’éloignant rapidement.
— Tu vois ! dit le vieux chien. Il n’a pas rebouché le trou.
— Désolé.
— Je vais devoir faire le terrassier toute la nuit.
— J’ai peur de ne pas pouvoir t’aider. J’ai du boulot, moi aussi.
— Quelqu’un a des globes oculaires ? lança une autre voix.
— Par ici ! répondit un type avec un accent russe.
— Il m’en faudrait un.
— Je peux avoir l’autre ? dit une voix aristocratique.
Et ainsi de suite.
— L’un de vous aurait-il un jeu de côtes flottantes ?
— Et une paire de reins ?
— Ici pour les reins ! Mais il me faudrait une rotule !
— Une rotule ? Pas de problème…
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