Comment écrire une introduction : le sujet divisé

Une introduction se compose d’une sujet amené, d’un sujet posé et d’un sujet divisé. Ce dernier est normalement la partie la plus facile à écrire d’une introduction. Si vous avez du mal, c’est probablement que votre sujet posé n’est pas aussi clair dans votre esprit que vous le supposiez. Après tout, le sujet divisé, c’est justement la division en idées principales de votre sujet posé; c’est comment vous allez appuyer votre thèse, prouver votre hypothèse, démontrer ce que vous avancez dans votre sujet posé. À noter, il s’agit bien de nommer les idées principales que vous aborderez dans votre dissertation, et non les idées secondaires. Vous n’avez pas à entrer dans les détails.

À force d’écrire des dissertations, j’ai développé – sans même le vouloir – quelques formulations toutes faites qui me permettent de pondre une introduction, et plus précisément ici un sujet divisé, en deux temps trois mouvements. Je les partage avec vous.


  • En rouge : le sujet posé
  • En vert : les formules d’introduction
  • En mauve : les séparateurs d’idées
  • En bleu : les verbes de démonstration

Introduire le sujet divisé

Pour amener un sujet divisé, j’ai souvent recours aux formulations suivantes, en vert dans les citations ci-dessous :

  • Pour ce faire
  • Afin de prouver [le sujet posé]
  • Afin de prouver notre hypothèse
  • Afin de répondre à cette question
  • Plus précisément
  • Pour être plus précis

« Pour ce faire », qu’il faut lire comme « pour démontrer le sujet posé que je viens d’énoncer », peut s’appliquer en de nombreuses circonstances.

Plus précisément, nous nous sommes attardé à sa pièce La leçon et nous nous sommes demandé en quoi les leçons présentées par Ionesco dans ce texte sont dangereuses. Pour ce faire, nous…

De la même manière que « pour ce faire », mais de façon plus explicite, vous pouvez commencer par « Afin de prouver [le sujet posé] ». Vous pouvez rester vague, par exemple en disant « Afin de prouver notre hypothèse » :

Plutôt, c’est la femme, la mère pour être plus précis, qui est le pilier de la famille. Afin de prouver notre hypothèse, nous…

Ou vous pouvez être plus précis, en évoquant le sujet posé :

Pourtant, Stephen Daldry, le réalisateur du film du même nom (2008), a néanmoins fait le choix de tenter une adaptation fidèle du récit. Le film respecte l’essence du roman, notamment par son respect des thèmes importants. Afin de prouver la fidélité de l’adaptation, nous…

Si votre sujet posé est formulé sous forme de question, qu’elle soit directe ou indirecte, vous pouvez tout simplement écrire « Afin de répondre à cette question ».

Cette réflexion nous a amené à nous poser la question suivante : comment la littérature, du 18ème siècle à nos jours, peut nous permettre de critiquer et de penser l’éducation des filles? Afin de répondre à cette question, nous…

Cette réflexion est née de la lecture du Grand Cahier d’Agota Kristof et nous a amené à nous demander en quoi l’éducation que se donnent les jumeaux dans le roman est une critique de l’apprentissage scolaire. Afin de répondre à cette question, nous…

D’autre part, comme le sujet divisé est, comme je l’ai déjà dit, une précision du sujet posé, il est souvent approprié d’utiliser les formules « Plus précisément » ou « Pour être plus précis ».

En ce qui nous concerne, nous nous intéresserons de plus près au rapport problématique des héroïnes à leur Histoire, soit à « la question de la spectrale survivance des héritages et des ancêtres ». Pour être plus précis, nous…

Diviser le sujet

Quand arrive le temps de présenter les idées principales, j’emploie généralement les « séparateurs d’idées » suivants (en mauve dans les exemples cités) :

Pour la première idée :

  • Dans un premier temps
  • D’abord

Pour la deuxième idée :

  • Ensuite
  • Puis

Pour la dernière idée :

  • Enfin

« Ensuite » et « puis » peuvent signaler la dernière idée si votre dissertation contient deux idées principales.

Plus précisément, nous nous sommes attardé à sa pièce La leçon et nous nous sommes demandé en quoi les leçons présentées par Ionesco dans ce texte sont dangereuses. Pour ce faire, nous nous sommes d’abord intéressé à la position de vulnérabilité de l’élève au cours d’une leçon, puis au pouvoir absolu accordé au professeur dans ce même cadre.

Le danger de l’éducation scolaire dans la pièce de théâtre La leçon d’Eugène Ionesco

Ainsi, bien que sa représentation du féminin emprunte souvent à la religion chrétienne, il renverse l’idée selon laquelle l’homme est le chef de famille, celui qui est en charge. Plutôt, c’est la femme, la mère pour être plus précis, qui est le pilier de la famille. Afin de prouver notre hypothèse, nous nous livrerons à une analyse sociocritique. Dans un premier temps, nous nous attarderons à la façon dont le roman semble aux premiers abords, par son intertexte religieux, ramener la femme aux trois rôles traditionnels de la séductrice, de la vierge et de la mère. Nous démontrerons ensuite comment l’auteur s’écarte de cette idée restreinte du féminin avec le personnage de Mary, la mère exemplaire. En effet, nous montrerons que si Mary peut être assimilée aux figures maternelles de la Vierge Marie et de l’Abeille, le symbolisme associé à cette dernière figure permet l’introduction des éléments du nourricier et du végétal. Ces deux éléments, quant à eux, participent activement à faire de Mary une Mère Nature, capable de redonner la vie et de subordonner le masculin, et une femme-arbre, soit une femme‑pilier.

De la Vierge Mary à la femme-arbre dans Va savoir de Réjean Ducharme

Si votre texte se compose de trois idées, je recommande la structure :

  1. D’abord / dans un premier temps
  2. Ensuite / puis
  3. Enfin

Pourtant, Stephen Daldry, le réalisateur du film du même nom (2008), a néanmoins fait le choix de tenter une adaptation fidèle du récit. Le film respecte l’essence du roman, notamment par son respect des thèmes importants. Afin de prouver la fidélité de l’adaptation, nous comparerons, dans un premier temps, la trame narrative du film avec celle du roman. Ensuite, nous verrons par quels moyens le réalisateur a su transposer à l’écran les procédés d’écriture. Enfin, nous nous intéresserons aux personnages eux-mêmes en identifiant les similarités et les différences.

Du roman Le liseur de Bernhard Schlink au film de Stephen Daldry : une adaptation fidèle dans son essence

Verbaliser les idées principales

Il y a un certain nombre de « verbes de démonstration », comme je les appelle, que j’utilise de façon récurrente pour présenter les idées principales d’un sujet divisé :

  • S’intéresser
  • S’attarder
  • S’arrêter
  • Montrer
  • Démontrer

Ce sont les verbes en bleu.

Constatant ces visions contradictoires de la littérature, nous avons pensé qu’il pourrait être pertinent de voir comment les jeunes littéraires, soit la relève littéraire, sont pensés à ces deux époques en comparant les textes Lettres à un jeune poète de Rainer Maria Rilke, un auteur moderne, et Conseils aux jeunes littérateurs de Charles Baudelaire, un auteur romantique. Pour ce faire, nous nous sommes d’abord attardé au rapport entretenu par les auteurs avec le jeune littéraire, puis nous nous sommes intéressé à leur conception de l’écriture.

Le « jeune littéraire » dans Lettres à un jeune poète de Rainer Maria Rilke et Conseils aux jeunes littérateurs de Charles Baudelaire

En ce qui nous concerne, nous nous intéresserons de plus près au rapport problématique des héroïnes à leur Histoire, soit à « la question de la spectrale survivance des héritages et des ancêtres ». Pour être plus précis, nous nous attarderons d’abord à cette survivance en tant que résistance, c’est-à-dire un tiraillement entre revendication et refus d’appartenance, lequel se révèle à travers une relation trouble à l’espace. Ensuite, nous nous arrêterons à la dimension « spectrale » de cette survivance, manifeste dans les deux romans par le motif récurrent des fantômes.

Les héroïnes hantées de Catherine Mavrikakis : la spectrale survivance dans Ça va aller et Le ciel de Bay City

Cette réflexion nous a amené à nous poser la question suivante : comment la littérature, du 18ème siècle à nos jours, peut nous permettre de critiquer et de penser l’éducation des filles? Afin de répondre à cette question, nous nous sommes d’abord intéressé au modèle féminin prédominant aux 18ème et 19ème siècles, soit le modèle rousseauiste de la femme au foyer décrit dans L’Émile ou De l’Éducation de Jean-Jacques Rousseau et exemplifié dans Les petite filles modèles de la Comtesse de Ségur. Ensuite, nous nous sommes attardé à la dislocation de ce modèle au cours de la vague féministe des années 1960-1970, notamment à travers le recueil de poésie féministe Bloody Mary de France Théoret.

Penser l’éducation des filles du 18ème siècle à aujourd’hui : Du modèle rousseauiste dans Les petites filles modèles de la Comtesse de Ségur à la déséducation dans Bloody Mary de France Théoret

Cette réflexion est née de la lecture du Grand Cahier d’Agota Kristof et nous a amené à nous demander en quoi l’éducation que se donnent les jumeaux dans le roman est une critique de l’apprentissage scolaire. Afin de répondre à cette question, nous nous sommes d’abord intéressé aux reproches faits à l’institution scolaire en tant que telle, puis nous nous sommes attardé, par opposition, à la nature de l’auto-apprentissage des jumeaux.

L’école ne vous apprend pas à survivre : critique de l’apprentissage scolaire dans Le Grand Cahier d’Agota Kristof

Il existe bien évidemment d’autres façons de faire un sujet divisé : d’autres formules d’introduction; d’autres manières de séparer vos idées principales (p. ex., le « d’une part / d’autre part » si vous avez deux idées); d’autres verbes pour les présenter (p. ex., souligner, illustrer, prouver, établir, comparer, analyser). Cela dit, je peux vous affirmer que la structure de base que je vous propose ici a fait ses preuves.

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