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Extrait : réflexion sur la langue dans Le théâtre de Dieu de France Théoret

Le théâtre de Dieu de France Théoret

« Ai-je la foi ? » Telle est la question qui hante la jeune narratrice de ce roman, en attente de LA révélation. Le Québec des années 1950, dominé par le clergé, imprègne de son discours religieux toutes les sphères de la société. Nul n’y échappe. Les filles sont nées pour servir, faire don d’elles-mêmes, elles doivent cultiver l’humilité. Aspirant à une éducation qui élèverait sa pensée, incapable de s’identifier au rôle qu’on attend d’elle, la protagoniste ne sait vers qui se tourner pour la guider.

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L’extrait du roman

Un usage du langage fourbe, hypocrite, me blessait. J’étais constamment inquiète. Je ne réagissais pas. À aucun moment, je ne ripostais. Sur le qui-vive, je ne bougeais pas. Je subissais au nom d’une loi qui s’appelait Dieu, les commandements éternels.

Ma langue abstraite, tout à la fois conceptuelle et savante, ne peut perdre de vue l’ignorance. C’est une étendue que je cherche à comprendre comme phénomène. Seul le savoir possède de la profondeur.

L’ignorance comme modèle d’expression se déclare synonyme du sens commun et de l’amour.

Qui n’a pas de bon sens est un insensé, plus communément, un fou. La folie disqualifie quelqu’un. Ne pas refuser l’ignorance, c’est courir pour soi-même un risque permanent.

p. 68
THÉORET, France, Le théâtre de Dieu, Montréal, Leméac Éditeur, 2018, 96 p. Avis lecture sur lilitherature.com.
THÉORET, France, Le théâtre de Dieu, Montréal, Leméac Éditeur, 2018, 96 p.

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