Couverture Les mots et les femmes

Extrait : la « fille » selon Marina Yaguello dans Les filles en série de Martine Delvaux

Les filles en série : Des Barbies aux Pussy Riot de Martine Delvaux

Des corps féminins en rangées, qui se meuvent en synchronie. Ils ne se distinguent que par le détail d’un vêtement, d’une courbe, d’une teinte de cheveux. Les filles en série créent l’illusion de la perfection. Ce sont des filles-machines, filles-marchandises, filles-ornements. Toutes reproduites mécaniquement par l’usine ordinaire de la misogynie. Les filles sont des filles parce qu’elles sont en série. Mais la figure des filles en série est double: à la fois serial girls et serial killers de l’identité qu’on cherche à leur imposer. Entre aliénation et contestation, les filles en série résistent à leur chosification, cassent le party, libèrent la poupée et se mettent à courir.

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Les mots et les femmes de Marina Yaguello cité par Martine Delvaux

Marina Yaguello, Les mots et les femmes, Lausanne, Payot, 1978, p. 179, cité dans DELVAUX, Martine, Les filles en série: Des Barbies aux Pussy Riot, Montréal, Éditions du remue-ménage, 2018 [2013], 280 p.

On dit une fille ou une femme facile, mais pas un homme facile […]. Le mot fille est également connoté péjorativement (aller chez les filles, filles de joie), alors que le mot garçon est complètement neutre. Fille est une injure en soi […] Injure d’autant plus grave lorsqu’elle s’adresse à un garçon: « Tu n’es qu’une fille ». Le statut de fille étant indésirable, on dira d’une fille: « c’est un garçon manqué », mais jamais d’un garçon : « c’est une fille manquée ». […] Et pourquoi le mot garce, féminin on ne peut plus honnête de gars, employé au Moyen-Âge sans aucune connotation péjorative, a-t-il pris, à partir du XVIe siècle, le sens de fille de mauvaise vie, puis de chameau, de chipie, de chienne?

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