Nous parlerons comme on écrit de France Théoret
La narratrice raconte le difficile passage de l’enfance à l’âge adulte d’une jeune fille de campagne à une époque où le Québec passait par un profond bouleversement des valeurs. Tout le propos du livre est d’écrire l’empêchement de vivre et de trancher le nœud des générations dans une réappropriation violente de la mémoire. Indiscret et impudique comme un témoignage, ce roman touchera le lecteur par sa densité rare[1].
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Extrait : la littérature pour jeunes filles écrite par les hommes
Que chercher quand on ne voit pas ce qui est vu et quand manque le nom des choses qui délivrerait? Regarder là où ça insiste sans langue. Depuis qu’une femme écrit à la place du mort, elle s’emploie à déplier la pensée. L’iceberg monte à la surface.
Au bar, rue Saint-Denis, je pense sans doute à la littérature pour jeunes filles qui opère sur des fantasmes mille et une fois répétés du corps féminin, les descriptions des formes femelles. C’est écrit à l’infini pour que je sois toutes les femmes. Plastiquement désirable. Utile, ça va de soi. Cochonne quand il faut, pas trop, assez, pas dangereusement nymphomane, si malléable. Et ce serait en plus une idée de femme, celle d’être toutes les femmes.
p. 51


[1] Quatrième de couverture de la première édition, celle de 1982 : https://www.lesherbesrouges.com/toutes-les-collections/romans-recits-nouvelles/nous-parlerons-comme-on-ecrit/.
Ah France! Une grande grande dame 🙂
Oui, l’une de mes auteures favorites!
Je ne connais pas mais l’écriture de ce court extrait est, à la fois « rentre dedans » et élégante.
Merci pour la découverte!
C’est un roman très demandant, mais très très bien écrit.