Les Secrets de Velline Ròll de Claytone Carpe

Avis lecture : Les Secrets de Velline Ròll, Claytone Carpe

Les Secrets de Velline Ròll est une novella de science-fiction de l’auteure auto-éditée Claytone Carpe. Il s’agit d’un space opera classique rempli d’action. L’histoire principale est suivie d’une courte nouvelle, Le Parfait Coupable, qui se situe dans le même univers.

Un rythme rapide

Le rythme de la novella, extrêmement rapide, est probablement ce qui jouera le plus en sa faveur auprès des amateurs d’action frénétique. Personnellement, j’aurais aimé un peu plus de wordbuilding, mais la longueur du texte laisse peu de place pour cela. Sinon, la structure du récit est très épisodique : un chapitre, une péripétie, comme dans une série télévisée où un problème se produit et se règle dans un seul et même épisode.

Un style fluide… et quelques envolées lyriques

De manière générale, le style est très fluide. J’ai cependant trouvé que Carpe en faisait parfois un peu trop dans les descriptions, surtout en ce qui concerne son héroïne qui a des cheveux « aussi sombres que l’infini céleste » et des « rondeurs romantiques » (entre autres choses). Cela dit, les descriptions sont concentrées au début, donc on passe vite par-dessus ces élans lyriques.

Des personnages peu développés et une héroïne plus ou moins héroïque

Le personnage de Cleykt, le second de Velline, est de loin le plus développé et donc le seul pour lequel j’ai un quelconque intérêt. Le reste de l’équipage n’est pas antipathique, mais on passe trop peu de temps avec lui pour s’y attacher.

Ironiquement, Velline Ròll, quoique le personnage titre, s’avère peu approfondie. C’est évidemment une conséquence du choix de l’auteure de cacher les motivations de la capitaine jusqu’à la révélation finale. Carpe est donc forcée de maintenir le mystère. Ce n’est pas tant un reproche qu’une observation, puisque cela fonctionne dans le contexte d’une novella, au format très court.

Ce qui m’a déplu, cependant, c’est la façon dont l’auteure représente son héroïne. Elle nous dit qu’elle est badass, notamment à travers le point de vue de Cleykt, mais elle nous montre autre chose : Velline se retrouve sans cesse dans des situations nécessitant l’intervention de son équipage (surtout de Cleykt). Comprenons-nous bien, je ne crois pas que l’intention de Carpe était de dépeindre une princesse en détresse ou que les femmes fortes ne peuvent pas recevoir d’aide. Cela dit, quand l’héroïne tombe dans les pommes en faisant des réparations, perd tous ses combats et a toujours besoin d’être sauvée, le plus souvent par le héros masculin… je ne la trouve pas très impressionnante.

Un univers exposé maladroitement

Velline Ròll, Cleykt Hå, Plocta, Okla… Vous aurez compris en lisant la quatrième de couverture du livre que Carpe s’en est donnée à cœur joie. Même si je comprends rationnellement que, dans le futur, le langage ne répondra pas aux mêmes normes, je pense que les noms sont un peu trop « out there » pour un lectorat d’aujourd’hui. Cependant, il ne s’agit que d’un détail. Et malgré l’exotisme des noms, l’univers est tout ce qu’il y a de plus classique en matière de space opera.

Ma critique se trouve surtout au niveau de ce qu’on appelle en anglais l’exposition (je ne pense pas que l’équivalent existe en français). Parce que l’auteure souhaite installer rapidement son univers compte tenu du format de son texte, le début du récit déborde d’informations intégrées de façon plus ou moins naturelle. En effet, dès les premières pages, on empile les références à l’univers :

La peau de sa capitaine, couleur or, reflétait comme un miroir les rayons dorés d’Extal, l’astre diurne de la galaxie Plocta, tandis que ses yeux perçants, d’une pâleur verdâtre étincelante, semblaient composés de gemmes de Blúme, le satellite naturel en orbite autour d’Astúrites.

Un problème de langue

Le principal problème des Secrets de Velline Ròll est la langue : le texte est truffé d’erreurs et de formulations maladroites. Certaines erreurs sont simplement des coquilles ou des oublis, mais d’autres sont définitivement des fautes. Quand je constate des problèmes de structure ou des fautes récurrentes, j’ai un peu de mal. Je comprends qu’il s’agit d’une auto-édition, mais le nombre de fautes reste mirobolant. Des exemples :

Tentons notre change, déclara la capitaine tout en lançant un regard incertain à Cley, qui lui rendit une expression soucieuse mais résignée, secouant tout de même la tête de désapprobation.

Je comprends que l’auteure voulait dire « chance ».

— Plus tard, Cley, répondit Velline circonspecte, jetant à son second un regard circonspect.

Je suppose que Carpe a retravaillé son texte, hésitant entre deux formulations, pour finalement oublier d’enlever l’une des itérations.

— Il était temps, j’ai cru que vous n’arriveriez plus, répliqua la femme qui n’avait pas encore ouvert la bouche.

Ça ne se dit pas. On devrait lire « Il était temps, j’ai cru que vous n’arriveriez pas / jamais ».

Les Secrets de Velline Ròll de Claytone Carpe
CARPE, Claytone, Les Secrets de Velline Ròll, Auto-édition, 2019, 72 p.

Le Parfait Coupable

Le Parfait Coupable raconte comment Cleykt en est venu à rejoindre l’équipage de la Flûte. Presque tous les commentaires que j’ai faits à propos des Secrets de Velline Ròll s’appliquent aussi au Parfait Coupable : le rythme, l’exposition, le français… Malgré tout, j’ai préféré cette courte nouvelle au récit principal, probablement parce que Cleykt est le personnage le mieux développé.


Space opera à l’action frénétique, la novella Les Secrets de Velline Ròll de Claytone Carpe – de même que Le Plaisir Coupable – souffre surtout de son manque de révision linguistique ainsi que d’une trop grande ambition pour son petit format.


Merci à l’auteure Claytone Carpe pour la copie de sa novella Les Secrets de Velline Ròll.

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