Les figures de style de substitution sont ainsi nommées, car elles substituent un terme ou une expression par un autre mot ou un groupe de mots qui est considéré comme équivalent par glissement de sens. Apprenez à différencier la périphrase, la métonymie, la synecdoque et l’antonomase à l’aide de cet article.
La périphrase
La périphrase consiste à remplacer un mot ou une expression par sa « définition ». Autrement dit, vous formulez en plusieurs mots ce qui aurait pu être décrit en un seul. En ce sens, la « définition » ne correspond pas nécessairement à celle que l’on retrouve dans un dictionnaire; il peut s’agir de l’interprétation de l’auteur ou du narrateur, laquelle peut mettre l’accent sur un aspect donné du concept évoqué. Par exemple, lorsqu’on réfère au pétrole en tant qu’or noir, la périphrase signale son importance économique.
Cette figure de style est idéale pour prévenir les répétitions. C’est ce que je fais quand, dans un texte sur Montréal, par exemple, je remplace le nom de la ville par « la capitale économique du Québec ». J’évite ainsi une occurrence du nom propre.
La périphrase est souvent utilisée pour désigner de façon imagée des personnages, des lieux ou des époques consacrées. Par exemple, la Dame de Fer fait référence à Margaret Thatcher (une étiquette qui révèle une évaluation de son caractère); « la ville qui ne dort jamais » à New York (soulignant sa constante activité); et la Grande Noirceur aux années 1944 à 1959 au Québec, soit les quatre mandats consécutifs de Maurice Duplessis (vous pouvez supposer, par l’appellation, du jugement qui est porté rétrospectivement sur cette période politique).
Cette figure de style peut être tout aussi bien employée pour « définir » des réalités fictionnelles, spécifiques à l’univers d’un roman. Par exemple, si je décris le personnage éponyme de Harry Potter de J.K. Rowling par « le garçon à la cicatrice en forme d’éclair », vous comprenez immédiatement de qui je parle.
La métonymie
La métonymie exprime une réalité à travers l’une de ses caractéristiques. Il s’agit d’utiliser un second mot associé au premier afin d’évoquer ce dernier. Par exemple, si je complimente quelqu’un pour sa plume, vous comprendrez que je fais l’éloge de son style d’écriture. Parce que la plume est un symbole reconnu, le lecteur infère par glissement de sens qu’elle réfère à l’écriture.
Ainsi, on peut remplacer :
- Le tout par l’une de ses parties (p. ex., « mettre le nez dehors »; il n’y a pas que votre nez qui est allé dehors, mais tout votre corps);
- L’objet par sa matière (p. ex., dans l’expression « croiser le fer », le fer est assimilé à l’épée);
- Le contenu par son contenant (p. ex., quand on « mange une assiette » ou qu’on « boit un verre », ce ne sont pas les objets que vous consommez, mais leur contenu);
- La cause par l’effet (p. ex. « boire la mort » plutôt que « boire le poison »);
- L’œuvre pour son auteur (p. ex., lire Émile Nelligan, regarder Denis Villeneuve, écouter Vulgaires Machins… en réalité, vous lisez les livres de l’écrivain, regarder les films du réalisateur et écouter la musique du groupe);
- La chose par son symbole (p. ex., « recevoir des lauriers », où les lauriers invoquent la gloire en raison de sa valeur symbolique);
- L’utilisateur par l’objet dont il fait usage (p. ex., lorsqu’on réfère au violoniste principal en tant que « premier violon »);
- Le produit par son lieu d’origine (p. ex., « boire un bourgogne », en parlant d’un vin de Bourgogne);
- Etc.
La métonymie, par le raccourci qu’elle prend, permet à l’auteur d’y diriger l’attention du lecteur afin de le persuader, de l’émouvoir, de le choquer, etc.
La synecdoque
Quand il y a une relation d’inclusion entre le premier mot et celui qui s’y substitue, la métonymie est une synecdoque. Ainsi, la synecdoque est toujours une métonymie, mais la métonymie n’est pas nécessairement une synecdoque.
Pour être plus précis, la synecdoque donne un sens plus restreint ou plus large à un terme grâce à un rapport d’inclusion 1) particularisant (le tout renvoie à la partie); ou 2) généralisant (la partie évoque le tout). Par exemple :
- Si je dis que le Canada a battu les États-Unis au hockey lors de la finale des Olympiques, les pays (le tout) renvoient aux équipes sportives (la partie);
- Si j’accueille quelqu’un sous mon toit, je veux dire que je l’accueille dans ma maison; le toit (la partie) évoque la propriété (le tout).
L’antonomase
L’antonomase est une forme de métonymie et une figure de rhétorique où on remplace 1) un nom propre par un nom commun ou une périphrase; ou 2) un nom commun par un nom propre. Par exemple, c’est ce que l’on fait :
- En présentant Jean Lesage (nom propre de personne) comme « le père de la Révolution tranquille » (périphrase);
- En qualifiant de séraphin un individu avare par référence au personnage célèbre de la littérature québécoise (le nom propre Séraphin devient un nom commun).
Dans le second cas, notons que, lorsque l’antonomase se répand dans l’usage, elle est parfois lexicalisée, c’est-à-dire ajoutée au dictionnaire. Souvent, ce sont des personnages réels ou fictifs emblématiques qui deviennent des noms communs tels que séraphin au Québec ou don Juan, qui désigne un séducteur par association au protagoniste de la pièce de théâtre éponyme de Molière. Jetez également un coup d’œil à l’étymologie de mots comme poubelle, silhouette, renard, gavroche, tartuffe et harpagon (l’équivalent français de séraphin).
Ressources
AlloProf
« Les figures de substitution »
« La métonymie »
« La périphrase »
« La synecdoque »
Carole Pilote [dir.], Guide littéraire, 2e éd., Montréal, Chenelière Éducation, 2007, 144 p.
Études littéraires
« L’antonomase »
« La métonymie »
« La périphrase »
« La synecdoque »
Office québécois de la langue française (OQLF)
« Antonomase »
« Métonymie »
« Périphrase »
« Synecdoque »
Usito
« antonomase »