Comment écrire une introduction : le sujet amené

Si les gens ont souvent du mal à rédiger leur introduction, c’est principalement parce qu’ils manquent d’inspiration pour leur sujet amené. En effet, ils savent ce dont ils vont parler (sujet posé), comment ils vont en parler (sujet divisé), mais ils ne savent pas trop comme introduire le tout. Ainsi, voici quelques conseils pour savoir quoi faire et ne pas faire quand on amène un sujet. Pour les besoins de ma démonstration, j’utiliserai les introductions ci-dessous. Les couleurs servent à indiquer le sujet amené, le sujet posé et le sujet divisé.

Le temps de la fin, c’est la fin des temps. Pour être plus précis, le temps de la fin se présente comme un paradoxe temporel, lequel est entre autres illustré dans l’Apocalypse de Jean : l’Apocalypse va arriver, est déjà arrivée et arrive, tout à la fois. On comprend ainsi que l’on ne peut écrire la fin du monde sans écrire le temps. C’est d’ailleurs pourquoi les fictions apocalyptiques s’inscrivent généralement dans une esthétique de rupture temporelle. La science‑fiction (SF), par sa capacité à (re)penser notre conception du temps, est particulièrement à même de représenter un temps paradoxal tel que le temps apocalyptique. En nous appuyant sur les romans Des anges mineurs d’Antoine Volodine et Merlin l’ange chanteur de Catherine Dufour, nous montrerons comment la SF peut dépeindre les apories du temps apocalyptique. Après avoir explicité le lien entre le temps de la fin et la SF, nous nous attarderons plus spécialement à la manière dont Volodine et Dufour, dans les œuvres susmentionnées, représentent, d’une part, la fin du temps sagittal par le détournement de la ligne du temps et, d’autre part, le temps cyclique comme une répétition éternelle du même.

La fin des temps dans la science-fiction : Le temps de la fin dans Des anges mineurs d’Antoine Volodine et Merlin l’ange chanteur de Catherine Dufour

Au 19ème siècle, on assiste au sacre de l’écrivain. En effet, les romantiques sont la première génération d’écrivains à pouvoir vivre de leur plume. En conséquence, les écrivains deviennent des ouvriers des lettres, produisant une grande quantité de textes. On parle alors de littérature de marché. Les modernes du 20ème siècle s’opposent à cette littérature commerciale. Selon eux, un auteur ne doit pas rechercher le profit. Constatant ces visions contradictoires de la littérature, nous avons pensé qu’il pourrait être pertinent de voir comment les jeunes littéraires, soit la relève littéraire, sont pensés à ces deux époques en comparant les textes Lettres à un jeune poète de Rainer Maria Rilke, un auteur moderne, et Conseils aux jeunes littérateurs de Charles Baudelaire, un auteur romantique. Pour ce faire, nous nous sommes d’abord attardé au rapport entretenu par les auteurs avec le jeune littéraire, puis nous nous sommes intéressé à leur conception de l’écriture.

Le « jeune littéraire » dans Lettres à un jeune poète de Rainer Maria Rilke et Conseils aux jeunes littérateurs de Charles Baudelaire

(Ne pas) amener le sujet de façon trop générique

Le sujet amené est la partie la plus longue de l’introduction, puisqu’elle doit annoncer les principales idées de votre texte. C’est aussi la partie la plus « générale ». Cela dit, elle ne doit pas être trop générale. Vous ne devez pas vous contenter d’affirmer des évidences. Si vous faites une dissertation sur l’importance de l’éducation dans une œuvre X, il ne suffit pas de dire que « l’éducation est quelque chose d’important ». Dans mon article sur le temps de la fin dans la science-fiction, il serait trop vague d’amener le sujet d’un simple « la science-fiction met souvent en scène la fin des temps ». Dans mon texte sur le jeune littéraire, ce serait ne rien dire que d’affirmer que Rainer Maria Rilke et Charles Baudelaire ont des opinions différentes sur la littérature.

(Ne pas) amener le sujet en présentant l’auteur

Contrairement à la pratique courante (de ce que j’ai pu observer), construire un sujet amené en présentant l’auteur de l’œuvre est rarement pertinent. Bien sûr, vous voulez nommer l’œuvre à l’étude et son auteur, mais cela ne veut pas dire qu’il est approprié d’en dire plus à leur sujet. À moins que votre dissertation ne porte sur un trait d’écriture spécifique de l’auteur (p. ex., la répétition subversive dans l’œuvre de Thomas Bernhard) ou que le contexte historique de ce dernier informe le lecteur sur le sujet du texte (p. ex., si vous parlez de la haine des médecins dans un ou des livres de Bernhard, il devient intéressant de savoir pourquoi il les déteste en parlant de sa santé faillible), il n’y a sans doute pas raison. Certainement, cette façon de faire pourra vous dépanner, mais votre sujet amené – et donc votre introduction dans son entier – sera sûrement jugé comme « faible ».

(Ne pas) amener le sujet en présentant l’œuvre

J’ai du mal à imaginer une situation où la présentation de l’œuvre à l’étude en détails pourrait être pertinente, puisque vous ne parlez probablement pas de toute l’œuvre et plus vraisemblablement d’une caractéristique particulière de cette œuvre. Par exemple, dans mon article sur le temps de la fin dans Des anges mineurs d’Antoine Volodine et Merlin l’ange chanteur de Catherine Dufour, je ne traite pas tant des œuvres que du temps de la fin dans la science-fiction en prenant comme exemple les deux titres susmentionnés.

Amener le sujet en définissant les concepts clés

Votre sujet amené vous amène vers le sujet posé, c’est donc qu’il doit introduire les concepts clés / les idées principales statués par celui-ci. Du titre « La fin des temps dans la science-fiction: Le temps de la fin dans Des anges mineurs d’Antoine Volodine et Merlin l’ange chanteur de Catherine Dufour », on peut identifier les concepts suivants :

  • La fin des temps
  • La science-fiction
  • Le temps de la fin

Cela dit, quel est le concept le plus important, celui autour duquel mon argumentation va se construire? Le temps de la fin. Ainsi, mon sujet amené s’attache à définir ce que j’entends par « temps de la fin » et à le mettre en relation avec les autres concepts.

Le temps de la fin, c’est la fin des temps. Pour être plus précis, le temps de la fin se présente comme un paradoxe temporel, lequel est entre autres illustré dans l’Apocalypse de Jean : l’Apocalypse va arriver, est déjà arrivée et arrive, tout à la fois. On comprend ainsi que l’on ne peut écrire la fin du monde sans écrire le temps. C’est d’ailleurs pourquoi les fictions apocalyptiques s’inscrivent généralement dans une esthétique de rupture temporelle. La science‑fiction (SF), par sa capacité à (re)penser notre conception du temps, est particulièrement à même de représenter un temps paradoxal tel que le temps apocalyptique.

Comme vous pouvez le voir, je commence par une définition suivi du lien entre le temps de la fin et la fin des temps, c’est-à-dire l’Apocalypse. Je termine en faisant le lien entre la science-fiction et le temps apocalyptique.

C’est l’une des façons de construire un sujet amené, définir le ou les concepts clés afin que le lecteur ait la connaissance nécessaire à la compréhension de votre texte. Cette manière de procéder est spécialement recommandée quand vous travaillez des concepts qui ne vont pas de soi tel que le temps de la fin.

Pour plus d’exemples de ce genre de sujet amené, voir entre autres les introductions de :

Amener le sujet par le contexte historique

Il ne s’agit pas ici de présenter l’époque à laquelle une œuvre est parue ou un auteur a vécu de manière générale, mais de démontrer en quoi cette époque, ou plutôt une caractéristique précise de cette époque, a influé sur l’écriture du texte. C’est ce que je fais dans l’introduction de ma dissertation sur le jeune littéraire :

Au 19ème siècle, on assiste au sacre de l’écrivain. En effet, les romantiques sont la première génération d’écrivains à pouvoir vivre de leur plume. En conséquence, les écrivains deviennent des ouvriers des lettres, produisant une grande quantité de textes. On parle alors de littérature de marché. Les modernes du 20ème siècle s’opposent à cette littérature commerciale. Selon eux, un auteur ne doit pas rechercher le profit.

Ici, j’amène le sujet en opposant les 19ème et 20ème siècles, et plus spécialement leurs visions divergentes de l’écrivain et de la littérature, puisque comme on peut le constater dans le sujet posé (en bleu au début de l’article), le contexte historique a une influence directe sur l’opinion des auteurs Charles Baudelaire et Rainer Maria Rilke.

Pour un autre exemple d’introduction « historique », voir le sujet amené de :


Bien sûr, il y a d’autres manières de construire un sujet amené, mais il me semble que les définitions et le contexte historique sont les façons de faire les plus simples. Qui plus est, ces deux méthodes peuvent s’appliquer à presque tous les cas de figures. C’est pourquoi elles sont idéales pour ceux qui auraient de la difficulté à écrire une introduction / un sujet amené.

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